Air France : grève pour les salaires28/02/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/02/p14_manifestation_AF_22_fevrier_C_LO_resultat.JPG.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : grève pour les salaires

Le 22 février était jour de grève pour tout le personnel d’Air France, afin d’obtenir une hausse des salaires. Cela a été un succès, car les arrêts de travail, de quelques heures à toute la journée, le rassemblement devant le siège de la direction, puis la manifestation sur le site aéroportuaire de Roissy-CDG, ont rassemblé bien plus de monde que ne l’aurait voulu la direction. Tant mieux, elle ne l’a pas volé.

Illustration - grève pour les salaires

En effet depuis 2011, par toute une série de plans d’économies, elle a notamment bloqué les salaires. C’est pour cela que dix syndicats ont appelé tout le personnel, des ouvriers et manutentionnaires aux pilotes et au personnel commercial navigant et au sol, à faire grève jeudi 22 février pour une augmentation de salaire de 6 % pour tous.

Cela faisait longtemps qu’à Air France on n’avait pas vu un tel mouvement, revendicatif et pas seulement défensif, de tout le personnel. Cet appel a été bien suivi à Paris et en province dans pratiquement tous les secteurs : chez le personnel au sol, à l’Escale (dans les aérogares), à la Maintenance (ouvriers et techniciens des ateliers et hangars), et chez les navigants techniques (pilotes) et commerciaux (hôtesses et stewards).

Et cela s’est vu. La compagnie a dû annuler la moitié de ses vols long-courriers, et une part notable de ses moyen et court-courriers.

Cela a aussi été remarqué, par exemple, dans des ateliers de Roissy ou à l’usine Éole près d’Orly, où la proportion de grévistes était forte parmi les jeunes et les nouveaux embauchés, dont les salaires frisent le smic.

Et ce n’est pas les annonces de la direction aux négociations annuelles obligatoires qui y changent grand-chose. Elle dont les profits ont explosé, et qui s’en est vantée dans les médias, offre 0,6 % en avril, puis 0,4 % en octobre. C’est comme la confiture : moins il y en a, plus elle l’étale. Alors, pour faire un peu gonfler ses miettes, elle dit qu’elle versera aussi 1,4 % d’augmentation individuelle. Mais la direction ne précise pas que cela inclut l’ancienneté, qu’elle doit payer de toute façon, et que seule une partie des travailleurs verront la couleur de ce presque-rien.

La CFDT et la CGC ont dit amen à cette aumône provocante. La quasi-totalité des autres syndicats l’ont, eux, dénoncée, car ils voyaient bien que le personnel n’en voulait pas et que cela lui restait en travers de la gorge. Et pas seulement au Tractage (des avions) et chez les mécanos-avion, où des revendications salariales se manifestent ces derniers mois.

Pour arracher une signature à une majorité de syndicats, la direction a menacé de donner encore moins qu’annoncé si l’accord était dénoncé. Elle en est pour ses frais. Et elle n’a pas osé mettre ses menaces à exécution, de peur que cela renforce le mécontentement parmi les travailleurs.

Une crainte de sa part perceptible lors du rassemblement de plus de 800 grévistes devant le siège d’Air France. De tous les sites de Roissy, du Fret, de l’Escale et encore plus loin, de la DGI Nord, à plus de trois quarts d’heure à pied par un froid intense, des manifestants ont convergé vers le siège, protégé par une nuée de CRS. Après les prises de parole de syndicalistes, un cortège nombreux est parti manifester sur l’aéroport.

Bien qu’il y ait eu presque autant de CRS que de manifestants, pour les empêcher de pénétrer dans l’aérogare, une partie des grévistes a trouvé le moyen – « On est chez nous, on connaît le terrain », disaient certains – de contourner le blocage policier pour envahir le terminal 2F, dédié à Air France.

La manifestation s’est arrêtée après cinq heures pendant lesquelles les grévistes se sont fait entendre.

Les participants à cette journée étaient contents de s’être retrouvés tous ensemble et tous métiers confondus, face à la direction, unis par une revendication commune.

« Ce n’est que le début », disait le tract de l’intersyndicale, au lendemain de la grève. Ce début appelle en effet une suite : rapidement et à encore plus nombreux, pour faire céder la direction.

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