Ces compteurs, posés par des entreprises sous-traitantes d’Enedis (ex-ERDF, filiale à 100 % d’EDF) sont installés en moins d’une demi-heure chacun par des employés souvent formés à la va-vite. Cela entraîne d’innombrables disfonctionnements : des lampes s’allument et s’éteignent toutes seules, des appareils disjonctent, des ballons d’eau chaude fonctionnent de manière anarchique, etc. Selon Que Choisir, près d’un quart des ménages se plaignent, ce qui est énorme. Quant à l’immense majorité, elle ne voit tout simplement pas l’utilité du nouveau compteur.

Tout récemment, la Cour des comptes a lancé un gros pavé dans la mare. En effet la pose de chaque compteur, dont le coût est évalué à 130 euros, était censée être gratuite pour les usagers. EDF devait avancer le prix de l’appareil et les frais de la pose, et se rembourser ultérieurement grâce aux économies réalisées, notamment en n’ayant plus besoin d’envoyer des agents pour relever les consommations.

Oui, mais tout n’a pas été dit au début. EDF utilise une astuce : elle est censée ne pas faire payer les clients mais, jusqu’en 2021, elle estime leur faire crédit sur les sommes qu’elle a elle-même empruntées (5,7 milliards d’euros en tout). Ce supposé crédit génère des intérêts et EDF entend bien que les usagers lui remboursent après 2021 ces prétendus intérêts. EDF fixe le taux d’intérêt à 4,6 %, alors qu’elle a elle-même emprunté en grande partie cette somme à la banque européenne d’investissement au taux de 0,77 %. La Cour des comptes évalue donc à 506 millions d’euros ce qu’EDF devrait gagner dans cette opération, une somme que les clients devraient payer… après 2021.

Dans les hausses de tarifs à venir, bien malin qui pourra savoir à quoi elles correspondent exactement. EDF espère visiblement que dans ce fouillis les frais des compteurs Linky passeront au milieu du reste. En tout cas une nouvelle arnaque est en préparation.