Leur société

Space X : comment mettre du fric en orbite

Le lancement expérimental réussi, le 6 février, de la fusée Falcon Heavy, par la société du milliardaire américain Elon Musk, suscite un mélange d’enthousiasme et de dégoût.

La prouesse technologique du décollage de l’un des plus lourds lanceurs spatiaux jamais construits, suivie du retour à leur point de départ des propulseurs, afin de les réutiliser, illustre les capacités techniques actuelles. Mais le fait que ces bijoux technologiques soient la propriété privée d’un milliardaire mégalomane et qu’ils soient utilisés pour mettre en orbite autour de la Terre, dans un but publicitaire, une voiture électrique Tesla, une autre compagnie d’Elon Musk, a de quoi révolter.

Enrichi pendant la bulle Internet au tournant des années 2000, Elon Musk a réinvesti sa fortune dans les voitures électriques et les lanceurs spatiaux. Même s’il pose au sauveur de l’humanité face au réchauffement climatique et au futur pionnier de la colonisation de Mars, Musk recherche avant tout le profit. Comme tous les capitalistes, ses recherches et ses investissements, dans les batteries électriques ou les fusées, sont financés par des subventions publiques. Space X a évité la faillite grâce au contrat lucratif signé en 2008 avec la NASA, organisme public, pour ravitailler la station spatiale internationale. Facturant au prix fort les lancements pour l’armée américaine ou la NASA, profitant des installations et de l’expérience de celle-ci, il brade les prix sur les lancements de satellites commerciaux tout en développant ses lanceurs. Grâce à eux, il s’apprête à proposer un petit tour dans l’espace aux privilégiés qui auront quelques dizaines de millions de dollars pour acheter leur ticket de ce Luna Park de luxe. Qu’importe si, dans le même temps, des centaines de millions d’êtres humains manquent de vaccins, d’électricité ou d’eau potable.

Space X ou Tesla illustrent la folie d’une société qui laisse quelques richissimes capitalistes décider seuls, tout en profitant des moyens et du génie créatif de toute la collectivité, des investissements ou des recherches qui engagent l’avenir et les ressources de toute l’humanité.

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