Apprentissage : formation sous contrôle patronal14/02/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/02/p3_Lupo_experience_entretiens_daembauche_OK_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Apprentissage : formation sous contrôle patronal

Le gouvernement a présenté vendredi 9 février sa réforme de l’apprentissage. Le Medef a applaudi. Il a en effet toutes les raisons de se réjouir.

Illustration - formation sous contrôle patronal

Le patronat obtient une liberté encore plus grande qu’aujourd’hui dans la gestion des CFA (centres de formation et d’apprentissage). Actuellement, aux côtés des CFA publics, il existe déjà de nombreux CFA privés, gérés par des syndicats patronaux, des Chambres de métiers ou des Chambres de commerce et d’industrie. Mais ceux-ci devaient jusqu’ici recevoir une autorisation et signer une convention avec la région ou l’État. Cela n’empêchait pas le patronat local de peser pour développer les filières qui l’intéressaient, mais il y avait quand même un relatif contrôle. En outre, la taxe d’apprentissage, dont la plus grande partie du versement était jusqu’à présent centralisée par les régions puis redistribuée aux établissements, sera désormais presqu’entièrement versée directement aux CFA, en fonction du nombre de leurs inscrits. Avec cette réforme, le patronat aura toute liberté d’adapter les formations à ses besoins immédiats. Plutôt que de développer la formation et la culture générales de la jeunesse, il s’agit de fournir au patronat local, encore plus qu’aujourd’hui, une main-d’œuvre prête à l’emploi.

Le gouvernement s’attaque également au statut des apprentis. Ils pourront travailler plus longtemps, jusqu’à 40 heures par semaine dans certains secteurs dont le bâtiment, avec des horaires élargis, et leur patron pourra les licencier avant la fin de leur contrat sans avoir à saisir les Prudhommes. En repoussant l’âge maximum des apprentis de 26 à 30 ans, le gouvernement élargit en outre la possibilité, pour les patrons, de recourir à une main-d’œuvre précaire et bon marché plutôt que d’embaucher. Ce ne sont pas les 500 euros offerts pour passer le permis qui compenseront ces mesures qui vont durcir les conditions de travail. Quant aux salaires, extrêmement bas, ils n’augmenteront que d’environ 30 euros par mois, et uniquement pour les moins de 20 ans.

Tout ce plan a pour prétexte la lutte contre le chômage. 70 % des apprentis trouveraient du travail après leur formation. Mais rien ne dit qu’il s’agit d’emplois stables. Et surtout, ce n’est pas le développement de l’apprentissage, s’il se produit, qui créera les emplois qui manquent, ni qui mettra fin aux licenciements !

Cette réforme vise d’abord à permettre au patronat de former la main-d’œuvre qui l’intéresse, là où cela l’intéresse, et à faire travailler les apprentis le plus longtemps possible, sans aucun engagement de création d’emplois.

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