Sélection, privatisation, rentabilité des services publics : c’est non !07/02/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/02/Une_Philippe_services_publics_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C17%2C800%2C467_crop_detail.jpg

Editorial

Sélection, privatisation, rentabilité des services publics : c’est non !

Illustration - c’est non !

Après les ordonnances travail, le gouvernement poursuit son œuvre de démolition avec, au programme, la réforme de la formation et de l’assurance chômage, celle du lycée et du baccalauréat, et la réforme de l’État.

Cette dernière s’annonce destructrice. Outre le développement des contrats précaires et la rémunération au mérite, le gouvernement projette en effet la disparition de services entiers et la mise en place, comme dans le privé, d’un plan massif de 120 000 suppressions d’emplois.

Ce n’est pas que le problème des fonctionnaires, cela nous concerne tous. D’abord, parce qu’il s’agit d’un plan social qui fera grossir les rangs des chômeurs de 120 000 personnes, alors que cinq millions de femmes et d’hommes se bousculent déjà à Pôle emploi. Ensuite, parce que les services publics contribuent à nos conditions d’existence.

Ceux qui sont victimes des déserts médicaux, de la fermeture de maternités de proximité, de lignes de train ou de bureaux de poste, savent ce qu’il y a à perdre si l’on accepte de nouveaux reculs du service public. Et il n’y a qu’à comparer les prix des cliniques, des crèches et des maisons de retraite privées avec ceux du public pour en mesurer l’importance.

On l’a vu, la semaine dernière, avec la mobilisation des maisons de retraite : la présence de personnel en nombre et qualifié au chevet des anciens n’est pas du gaspillage, c’est une nécessité sociale. Le gouvernement peut répéter qu’il faut moderniser, mais aucun robot n’apportera le réconfort aux anciens, ne soignera les malades ou ne fera l’éducation des enfants.

Pour l’instant, le gouvernement n’ose pas annoncer la suppression de postes d’enseignants, de personnel hospitalier ou de gardiens de prison. Il évoque tout ce qui n’est pas « au cœur des missions des services publics » et qui pourrait basculer dans le privé. Pense-t-il aux cantines des écoles, des collèges et des lycées, par exemple ? À l’entretien des équipements publics ?
Les salariés des grands groupes savent ce que ce genre de sous-traitance signifie de dégradation. Car il est évident que le privé ne s’y lance que pour faire de l’argent sur le dos des usagers et des salariés du secteur. Les Sodexo et autres Orpea ou Korian augmenteront les prix, réduiront les effectifs et intensifieront l’exploitation. Tout le monde y perdra.

Il faut refuser cette logique consistant à dire que tout doit devenir rentable et profitable. Dans cette société où l’argent est roi, l’éducation, la santé, les transports collectifs, les services postaux, les télécommunications, l’approvisionnement en eau et en énergie devraient être des services publics. Ils ne doivent pas être gérés pour le profit, ni être soumis aux lois du marché, stupides et inhumaines. Ils doivent satisfaire les besoins collectifs.

C’est pour défendre cette perspective que des journées de protestation sont prévues : mardi 6 février dans l’éducation, contre la baisse des moyens et la sélection ; jeudi 8 à la SNCF, contre la dégradation des conditions de travail et la privatisation programmée du chemin de fer.

Pour ne prendre que ce qui se passe dans l’Éducation nationale, le ministre Blanquer fait beaucoup de mousse avec les CP à douze élèves dans les zones d’éducation prioritaire. Progrès qui est d’ailleurs payé par les autres classes, puisque cela s’est fait sans embauche. Mais, à côté de cela, il met en place une école de plus en plus sélective et élitiste.

Pour l’entrée dans le supérieur, il prétend avoir mis fin à l’injustice de la « loterie » en changeant la procédure et la plateforme informatique. Sauf que l’injustice n’était pas créée par un logiciel, elle l’était par le manque de places dans les facultés et, avec l’arrivée de 40 000 nouveaux bacheliers l’année prochaine, la situation ne peut que s’aggraver.

Le gouvernement ne veut pas mettre les moyens pour accueillir les nouvelles générations dans le supérieur, alors il organise l’éviction des jeunes des milieux populaires. Ils auront le baccalauréat en poche, mais ne pourront rien en faire, si ce n’est rejoindre la cohorte des jeunes chômeurs et précaires.
Ce qui se passe dans l’éducation, dans les Ehpad, les hôpitaux ou les transports doit être l’affaire de tous. Dans l’offensive du gouvernement et de la bourgeoisie contre les classes populaires, il y a les attaques directes, les salaires qui baissent, les emplois supprimés, les congés rognés. Et il y a aussi ces remises en cause qui indiquent que la société, au lieu d’avancer, est en train de régresser. Et tout cela, simplement pour qu’une minorité de capitalistes puisse vivre en
parasite sur la société.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 5 février 2018.

Partager