Liebherr Aerospace – Toulouse et Campsas : débrayages pour la paye07/02/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/02/p13_Liebherr_du_5_fevrier_2018_C_LO._resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Liebherr Aerospace – Toulouse et Campsas : débrayages pour la paye

Dans ses publicités d’entreprise, Liebherr, groupe international d’engins de chantiers, miniers, d’électroménager, d’équipements aéronautiques et ferroviaires, se vante d’être une entreprise familiale, détenue par Willy et Isolde Liebherr, frère et sœur. Il emploie dans le monde 42 000 travailleurs pour un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros.

Illustration - débrayages pour la paye

Pour ces gens-là, la famille a du bon. En particulier dans le secteur aéronautique, où, rien que sur les usines de Toulouse et de Campsas, près de Montauban, les profits réalisés sur le dos des 1 300 salariés et de plus de 300 intérimaires et sous-traitants, battent des records d’année en année. En 2017, ils ont atteint 62 millions d’euros, soit plus de 47 000 euros par travailleur pour l’année.

Autant dire que l’annonce d’une augmentation générale de 1,4 % par la direction n’est pas restée sans réaction parmi les travailleurs, aussi bien à la production, chez les ouvriers aux salaires les plus bas, que parmi les ingénieurs et techniciens, qui représentent la moitié de l’effectif. Avec des heures supplémentaires imposées et une surcharge de travail toujours croissante dans les bureaux comme dans les ateliers, le sentiment d’être sans cesse sacrifié est largement partagé. Les appels de la direction à la modération salariale « pour préserver l’avenir » et la prétendue compétitivité ne marchent plus.

Plusieurs initiatives, prises par les trois syndicats CGT, CGC et CFDT au moment des négociations salariales annuelles, ont permis, par des rassemblements, de mesurer que le mépris affiché par la direction ne passait pas. 150 travailleurs de l’atelier d’usinage ont commencé à débrayer par demi-journée dès le lendemain de la dernière réunion de négociation avec la direction.

Dans la foulée, à l’appel de la CGT et de la CFDT, l’ensemble du personnel a alors été appelé à rejoindre le mouvement. En trois jours, des débrayages successifs avec assemblées de grévistes ont fini par payer en partie. La direction a dû finalement lâcher plus de 600 euros supplémentaires sur une surprime de participation, portée à plus de 2 200 euros pour chacun.

Évidemment, on est loin du compte, c’est-à-dire d’une augmentation générale des salaires, prise sur ces dizaines de millions d’euros de profit que notre travail génère chaque année et que l’actionnaire s’approprie… en famille (390 millions d’euros en dix ans). Mais, cette réaction collective, ces assemblées de travailleurs où l’on se parle, où l’on comprend ensemble les mécanismes de l’exploitation sont des moments précieux qui seront utiles pour l’avenir.

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