Leur société

Nutella en promotion : les ristournes seront-elles sucrées ?

Les bousculades provoquées par les promotions de moins 70 % sur les pots de Nutella dans les Intermarché ont provoqué une série de commentaires douteux, voire méprisants. Mais surtout le gouvernement en a profité pour réaffirmer ses positions.

Ainsi le 25 janvier, au début des incidents dans les Intermarché, le ministre de l’Agriculture Stéphane Trabert a déclaré à l’Assemblée nationale : « Nous allons limiter les promotions des produits alimentaires à hauteur de 34 % de la valeur totale… Finie l’offre “un produit acheté, un produit offert”. »

Voilà donc le gouvernement en guerre… contre les rabais dont pouvaient bénéficier les consommateurs des classes populaires, qui font leurs courses régulièrement dans les grandes surfaces, non par choix de qualité, mais pour essayer d’avoir des prix bas pour compenser leurs salaires et pensions trop faibles, bloqués, voire diminués. Beaucoup attendent ces promotions pour acheter et stocker, à des prix un peu raisonnables, les produits de consommation courante.

Bien sûr, sur ce terrain, le gouvernement peut être assuré du soutien de tous les nantis qui, avec une condescendance insupportable, font la morale aux milieux populaires « qui ne sont pas prêts à dépenser plus pour manger mieux », par exemple bio. Il peut même avoir le soutien de toute une partie des représentants paysans, même ceux qui se qualifient de contestataires, car il est plus facile de s’en prendre à la masse des consommateurs aux revenus modestes qu’aux géants de l’agro-alimentaire, transformateurs comme distributeurs. Cette décision de limiter les promotions, sortie des États généraux de l’alimentation, est le type même de mesure réactionnaire dont seuls tous les milliardaires de la filière peuvent se réjouir.

Nestlé, Besnier-Lactalis, Sodiaal-Yoplait, D’Aucy, Bonduelle, Bigard, Doux, Coca-Cola, etc., tous ces malheureux vont enfin voir leurs marges protégées contre les « rabais honteux » qu’on leur imposait. Et les grandes surfaces vont se réjouir de pouvoir attribuer aux décisions gouvernementales le racket qu’elles organisent en permanence sur le dos des consommateurs. Quant aux petits paysans, ils subiront tout comme avant la dictature des géants de l’agroalimentaire, qui les oblige à baisser leurs prix de vente.

Voilà une mesure perdant-perdant pour les travailleurs, les retraités et les petits producteurs, qui ne rapportera qu’aux plus gros. Pour imposer une juste rétribution du travail fourni, des salaires, des pensions et des retraites corrects, il faudra au contraire s’unir contre les vrais profiteurs.

Partager