Ascometal : faire payer les requins31/01/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/02/2583.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ascometal : faire payer les requins

Le tribunal de Strasbourg a tranché lundi 29 janvier en laissant le repreneur suisse Schmoltz + Birkenbach (S+B) récupérer Ascometal. Ascoval, l’aciérie de Saint-Saulve, dans le Nord, n’est pas reprise. Les 299 travailleurs dont l’emploi est menacé se sont mis en grève.

L’usine d’Hagondange en Moselle, elle, est rachetée mais la fermeture de l’aciérie est déjà programmée pour 2020 ans, tout comme l’est celle du laminoir de Dunes dans le Nord, et le train à fil du site de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. À court terme, 250 emplois vont être supprimés en plus de ceux d’Ascoval.

Les actionnaires d’Ascometal avaient déposé le bilan en novembre 2017, menaçant l’avenir près de 1700 travailleurs : les 1350 des cinq sites Ascometal et les 299 d’Ascoval dont Vallourec est encore aussi actionnaire à 40%. Deux repreneurs principaux se sont présentés : S+B et le groupe anglo-indien GFG Alliance avec sa filiale Liberty House. Le plan de reprise du second apparaissait préférable aux yeux de certains car il prétendait préserver tous les sites y compris celui de l’aciérie de Saint-Saulve. Mais les promesses des patrons vautours n’engagent que ceux qui y croient. Et, de toute façon, c’est le plan de S+B que le tribunal a chois et que les travailleurs devront affronter.

À Saint-Saulve, dès lundi matin, des dizaines de travailleurs d'Ascoval sont sortis spontanément pour manifester et bloquer un des ronds-points de la zone industrielle. Depuis, l’aciérie est à l’arrêt et aucune goutte de métal ne sort.

Leur réaction a poussé, le ministre de l’industrie, Bruno Le Maire, à réunir à Bercy mardi 30 janvier les représentants de S+B, ceux de Vallourec et des élus de la région Hauts-de-France dont Xavier Bertrand. Rien n’est sorti de cette mascarade. Vallourec et S+B ont dit qu’ils maintiendraient leurs commandes pendant un an mais c’était déjà dans leur plan initial.

Apprenant tout cela à la sortie de leur assemblée générale, les travailleurs de Saint-Saulve ont montré qu’ils n’étaient pas dupes de ce sursis dérisoire. Et c’est ce qui a obliger Xavier Bertrand, le président de droite de la région, à déclarer que tout cela était « loin du compte et loin d’un accord ». C’est une leçon : ce politicien bourgeois ne se sentira obligé d’agir que si les travailleurs lui mettent la pression en se mobilisant.

le site d’Hagondange en Moselle, la fermeture de l’aciérie va entraîner la suppression de 150 postes, les travailleurs sont appelés à la grève pour le mercredi 31 janvier. Leur sursis est à peine plus lointain que celui de ceux de Saint-Saulve et ils ont raison de se bagarrer dès maintenant. Car si la décision du tribunal de Strasbourg met les travailleurs d’Ascoval au pied du mur, en réalité, elle met dans la même situation tous ceux du groupe.

Cela fait des années que plusieurs de ces sites passent de repreneur en repreneur. À chaque fois, ceux-ci s’enrichissent en supprimant des emplois et en aggravant les conditions de travail. S+B, le dernier en date, est riche à milliards. Alors il faut le faire payer.

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