Inégalité salariale : au bon vouloir des patrons24/01/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/01/2582.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Inégalité salariale : au bon vouloir des patrons

Interviewée le 21 janvier par le Journal du dimanche, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a déclaré vouloir, pendant le quinquennat, mettre fin à l’inégalité salariale dont les femmes sont victimes. Sa recette : compter sur la bonne volonté du patronat, qui est le premier responsable et bénéficiaire de ces inégalités !

Les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs d’un quart à ceux des hommes, en partie du fait que les emplois qu’elles occupent se situent souvent en bas de l’échelle des salaires et que certains d’entre eux sont à temps partiel. Même si l’on compare les salaires sur les mêmes postes de travail, il reste un écart de près de 10 % selon l’Insee.

En trente-cinq ans, une ribambelle de lois ont suivi celle de la ministre PS Yvette Roudy sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Et le principe « à travail égal, salaire égal » reste lettre morte. Depuis 2014, les directions des entreprises de plus de 50 salariés doivent, sous peine d’amende, négocier un accord collectif en faveur de l’égalité professionnelle ou mettre en œuvre un plan d’action. Celles qui se font rappeler à l’ordre par l’inspection du travail ont en général six mois pour se mettre en règle, ce qui leur laisse le temps de présenter un texte qui ne les engage pratiquement à rien. Depuis 2013, 157 sociétés ont eu à payer une amende s’élevant en moyenne à 4 459 euros. Payer de telles amendes, au montant aussi faible, revient moins cher que d’augmenter les salaires de leurs employées.

Pénicaud elle-même déclare n’avoir « pas encore un plan d’action défini », mais que celui-ci devrait être prêt « d’ici à deux ou trois mois ». Elle compte s’appuyer sur les accords collectifs et sur les conseils d’entreprise tels qu’ils sont prévus par les ordonnances Macron, qui apportent, dit-elle, des avancées.

Comme si le droit des femmes pouvait progresser alors que ces textes font reculer les droits des travailleurs vers davantage de précarité et d’individualisation des contrats de travail. Avec la politique menée par Pénicaud et le gouvernement auquel elle appartient, les inégalités salariales entre les femmes et les hommes ne vont pas diminuer. Au contraire, elles vont sans doute s’accroître encore !

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