IG Metall et les 28 heures par semaine24/01/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/01/2582.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

IG Metall et les 28 heures par semaine

Dans le cadre des négociations salariales, le syndicat IG Metall (IGM) appelle les travailleurs de la construction automobile et de machines à débrayer. Des centaines de milliers d’entre eux auraient d’ores et déjà participé.

Le succès des débrayages témoigne du mécontentement d’ouvriers qui entendent parler de la bonne santé de l’économie et voudraient en voir un effet sur leur fiche de paye et dans les conditions de travail, et qui voudraient travailler moins dur et être moins sous pression. Car, en plus d’une augmentation de 6 % quand le patronat propose 2 % (en général, ils se retrouvent à mi-chemin en fin de négociations), IG Metall parle de réduire le temps de travail de 35 à 28 heures par semaine. Cette revendication fait couler beaucoup d’encre, et fait espérer à certains une meilleure répartition du travail entre tous.

Mais en réalité il ne s’agit absolument pas de cela : IGM réclame uniquement que ces salariés aient le droit, individuellement et pour une période maximale de deux ans consécutifs, de réduire leur temps de travail à 28 heures, et le droit de revenir ensuite à plein temps. Il s’agirait, pour qui peut se le permettre, de se payer ce temps partiel soi-même. Il n’y aurait pas de maintien du salaire mais dans certains cas seulement, pour des salariés élevant de jeunes enfants ou s’occupant de leurs parents âgés dépendants, la confédération syndicale revendique une compensation minime, à savoir le versement de 60 à 200 euros en complément. On serait loin de la perte de salaire découlant d’une diminution du temps de travail d’une trentaine d’heures mensuelles.

Cette revendication fait pousser les hauts cris au patronat et à une partie de ce que le pays compte de réactionnaires, sur le mode : « Comment ? Être payé à ne rien faire, alors que les carnets de commandes sont pleins ? Mais où irait-on ? »

Enfin, il y a le sort de la moitié orientale de l’Allemagne : plus de vingt-cinq ans après la réunification, la convention collective de la métallurgie qui s’y applique ne prévoit pas 35, mais 38 heures de travail par semaine.

Alors, non seulement bon nombre de travailleurs, souvent ceux justement qui travaillent le plus dur, sont loin de pouvoir se payer un temps partiel, mais la revendication d’IGM pourrait en partie se retourner contre eux. Le patronat en effet cherche à imposer plus de flexibilité, et il explique que, si en contrepartie des 28 heures les travailleurs ont individuellement le « droit » de travailler 40 heures par semaine pendant deux ans, alors un accord est envisageable.

Au plan politique, l’agitation d’IGM tombe à point nommé pour soutenir le SPD, dont ce syndicat est traditionnellement proche, dans ses pourparlers avec la CDU en vue d’une nouvelle grande coalition. Les revendications d’IGM figurent noir sur blanc dans le projet de compromis, pouvant servir d’argument à la direction du SPD pour convaincre sa base, réticente, de l’utilité d’aller au gouvernement, puisque cela ferait passer les exigences d’IGM, tandis qu’IGM peut se vanter de l’effet de ses journées d’action.

SPD et IG Metall s’entendent ainsi pour faire passer pour des revendications ouvrières des aménagements d’horaires qui conviendraient surtout au patronat, et que celui-ci n’acceptera d’ailleurs qu’à condition qu’il y trouve son compte. Il reste qu’une véritable réduction du temps de travail à parité de salaire devrait en effet devenir une exigence de toute la classe ouvrière. Mais elle ne doit compter ni sur IG Metall ni sur le SPD pour l’imposer.

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