Marseille : pour les écoles ou pour Bouygues ?10/01/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/01/2580.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille : pour les écoles ou pour Bouygues ?

Le mauvais état de nombreuses écoles de Marseille a été plusieurs fois dénoncé. En octobre 2017, le conseil municipal a voté un plan de remplacement des écoles les plus irrécupérables de la ville. Depuis, le mode de financement de ce projet choisi par le maire a été largement mis en cause.

Celui-ci prévoit de détruire trente-et-une écoles dites GEEP, du type Pailleron, cette école parisienne où vingt personnes avaient trouvé la mort dans un incendie en 1973. Trente-quatre écoles seraient construites pour les remplacer.

Voté par le conseil municipal le 16 octobre 2017, ce chantier de 1,41 milliard d’euros est, selon le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, « un véritable plan Marshall qui n’a aucun équivalent ni dans l’histoire de la ville de Marseille, ni dans aucune autre ville ». Il serait financé et mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public privé, un PPP. L’opérateur retenu à l’issue de l’appel d’offres assurera la construction, puis l’entretien de ces écoles pendant 25 ans. Mais la ville devra lui louer les écoles, versant à ce partenaire privé un loyer de 41 à 45 millions d’euros par an. Ces estimations, selon l’ordre des architectes, seront alourdies des surcoûts habituels de ce genre de montage. D’ailleurs Marseille en fait déjà largement les frais du fait de la rénovation du stade Vélodrome, elle aussi réalisée dans le cadre d’un PPP.

Ce sont donc les grands groupes du BTP qui, seuls à même de répondre à un appel d’offres de cette dimension, se chargeraient de ces travaux. Leur appétit en sera d’autant plus aiguisé que, à la faveur de ces remplacements, se dessine l’opportunité de récupérer des terrains intéressants.

D’un côté, ce projet est contesté par l’ordre des architectes comme par les artisans et patrons des petites entreprises du bâtiment et de l’ingénierie. Six organisations de ces professionnels ont relancé le débat en envoyant une lettre fin décembre au maire pour dénoncer le choix d’un partenariat qui priverait les entreprises locales de ces chantiers et grèverait lourdement le budget de la ville.

Mais, outre l’opposition municipale du PS et PC, hostile au projet, c’est le syndicat des instituteurs, le SNUIPP, qui l’a dénoncé le premier. Pour lui, si ces travaux sont effectivement d’une urgence absolue, le mode de financement choisi engage de fait un début de privatisation des écoles. De plus, écrit-il, « le surcoût est d’ores et déjà chiffré à plus de 100 millions d’euros, soit plus de quatre millions par an, presque autant que le budget dégagé par l’État l’an dernier... »

Enfin, le syndicat se demande ce qu’il est prévu de faire pour les 413 écoles restantes dont l’état laisse bien souvent à désirer.

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