Dans les entreprises

PSA : un nouveau plan social déguisé

À peine l’encre du décret paru le 22 décembre permettant le recours aux ruptures conventionnelles collectives (RCC) était-elle sèche que le groupe PSA Peugeot-Citroën s’en est emparé : le 9 janvier, l’entreprise convoque les syndicats pour entamer les « négociations » sur le sujet.

Alors que jusqu’à présent les ruptures conventionnelles se faisaient à l’échelle individuelle, au cas par cas, les patrons peuvent maintenant les généraliser, les rendre quasi permanentes et utiliser ce dispositif pour des centaines – ou des milliers – de salariés, en se camouflant derrière le caractère prétendument volontaire de ces départs.

En réalité, cela fait des années que PSA, dont les chaînes de production tournent à plein régime, utilise le dispositif des plans de départ volontaires pour supprimer, en moyenne, 3 000 postes par an. Depuis 2012, près de 25 000 emplois en CDI ont été supprimés par ce groupe, qui a réalisé en 2016 un nouveau record de bénéfice de 2,15 milliards d’euros. Son objectif est de diminuer au maximum le nombre de travailleurs en CDI et de les remplacer par des intérimaires, qui représentent sur certaines chaînes de production 90 % des effectifs.

On ne sait pas encore combien de travailleurs seront concernés par ce nouveau plan. Mais la rapidité avec laquelle Peugeot s’est jeté sur le nouveau dispositif prouve qu’il sera plus avantageux pour le groupe que le système des plans de départ volontaires classiques. La direction aura encore plus les mains libres pour supprimer des emplois, et elle pourra faire ainsi peser une menace permanente sur l’ensemble du personnel.

Que PSA ait été l’une des toutes premières entreprises à utiliser le nouveau dispositif en dit long sur le fait que les ordonnances travail, qui avaient été vendues par le gouvernement en disant qu’elles étaient surtout destinées à faciliter la vie des patrons de très petites entreprises, sont en fait écrites pour les géants du CAC 40.

Peugeot se défend de toute intention de plan social déguisé, avec les mêmes éternels arguments : la RCC doit faire l’objet d’un accord majoritaire des syndicats, et les départs seraient volontaires. Mais un accord des syndicats ne veut pas dire du tout que les salariés soient d’accord. Quant à l’aspect volontaire des départs, il est de moins en moins réel. Bien sûr, il y a quelques travailleurs qui souhaitent partir, car le travail est dur, les salaires sont faibles et ils espèrent trouver une meilleure situation ailleurs. Il est normal qu’ils puissent le faire. Mais combien, ces dernières années, ont été poussés dehors par des pressions incessantes de la hiérarchie, par des mises au placard de techniciens et d’ingénieurs jusqu’à ce qu’ils craquent ? Et cette politique cynique touchera encore les travailleurs handicapés, sur qui pèsent le chantage entre le départ dit volontaire ou le licenciement pour inaptitude physique.

Face à l’explosion des charges de travail et de la précarité dans les usines de l’automobile, ce sont des embauches massives en CDI pour répartir le travail entre tous qu’il faudra imposer. Et cela ne pourra passer que par une mobilisation massive et déterminée des travailleurs de tout le groupe.

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