Mises en examen deux ans après27/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2578.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Mises en examen deux ans après

Deux ans après le déraillement d’un TGV d’essais en Alsace, la SNCF et sa filiale Systra ont été mises en examen le 21 décembre pour blessures et homicides involontaires.

Le 14 novembre 2015, à Eckwersheim près de Strasbourg, l’accident de la rame d’essai du TGV avait fait 11 morts et 42 blessés parmi les 53 personnes à bord. À l’époque, la SNCF s’était empressée de se défausser en parlant de la présence dans le train de personnes étrangères au service, sous-entendant ainsi qu’elles avaient pu détourner l’attention des agents. La justice avait d’ailleurs inculpé trois salariés, dont le conducteur du train, accusé de ne pas avoir freiné à temps. Il aura donc fallu attendre plus de deux ans pour que la direction de la SNCF soit mise en cause par la justice !

Le rapport judiciaire remis en octobre dernier est accablant pour la SNCF et sa filiale Systra. L’ordre de dépasser la vitesse de conception de la ligne est bien venu d’en haut, sans que le conducteur et les cheminots à bord soient mis au courant ni du niveau de survitesse, ni du fait qu’on leur faisait franchir les limites techniques supportées par la voie. Le rapport pointe également le fait que la conduite de la rame ait été confiée à « du personnel n’ayant pas l’expérience des essais en survitesse et sans formation appropriée », sans oublier l’absence de coordination entre les entreprises sous-traitantes et la SNCF. C’est dans ces conditions que la rame a pu aborder à 265 km/h un virage dans lequel la vitesse est limitée à176 km/h, entraînant le déraillement mortel.

L’impasse sur la sécurité, évidente dans cet accident dramatique, n’est malheureusement pas exceptionnelle. En réduisant le nombre de travailleurs, en faisant des économies sur l’entretien du réseau, en fermant des ateliers de réparation, la SNCF continue de sacrifier la sécurité des cheminots et des usagers au nom des économies. De Brétigny en 2013 au terrible accident sur le passage à niveau de Millas cette année, cela finit par tuer.

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