Migrants : le projet Collomb ne passe pas27/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2578.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Migrants : le projet Collomb ne passe pas

La circulaire sur les migrants du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a non seulement provoqué la colère des associations d’aide aux migrants, mais créé des remous au sein même de sa majorité.

Cette circulaire, publiée le 12 décembre, prévoit que des équipes mobiles seront dépêchées dans les centres d’hébergement d’urgence afin de recenser les étrangers. L’objectif du gouvernement est bien de faire un premier tri et de renvoyer dans leur pays les déboutés du droit d’asile. Les associations qui refusent de devenir des annexes de la préfecture craignent en plus que les migrants fuient les centres d’hébergement, dont les capacités d’accueil sont déjà notoirement insuffisantes, et se mettent en danger en retournant à la rue.

Devant la réaction des associations, le gouvernement a effectué un premier recul en annonçant le 20 décembre que la notion de « pays tiers sûr » allait être retirée du projet de loi sur l’immigration présenté en 2018. Présente dans la première mouture du texte gouvernemental, cette mention prévoyait le renvoi d’un débouté du droit d’asile non pas vers son pays d’origine, mais vers l’un des pays hors de l’Union européenne par lequel il aurait pu transiter, sans même que son histoire ait été entendue ou son dossier examiné sur le fond par l’administration.

Mais, en dehors de cette mesure, le projet de loi reste inchangé, avec notamment le doublement de la durée légale de rétention dans les centres de rétention administrative (CRA), qui passerait de quarante-cinq à quatre-vingt-dix jours. L’objectif du gouvernement demeure d’expulser davantage de migrants, et non de mieux les accueillir, contrairement à ce qu’affirme le Premier ministre. Celui-ci a reçu les représentants des associations le 21 décembre et leur a affirmé que nulle contrainte ne serait exercée sur les migrants lors du recensement et que les associations n’étaient bien sûr pas appelées à dénoncer les déboutés du droit d’asile. Il a cependant omis d’évoquer le fait qu’en cas de refus le migrant serait convoqué à la préfecture de son domicile, et donc susceptible d’être renvoyé.

Le président d’une fédération d’associations a ainsi résumé la situation : « Nous n’avons pas été entendus, nous n’avons rien obtenu. » Il a renouvelé son appel à la « résistance passive », demandant à tous les responsables des centres d’hébergement de ne pas autoriser les équipes mobiles à rentrer dans les chambres et de ne fournir aucun renseignement et surtout aucune liste.

Le Premier ministre a prévu une nouvelle réunion de concertation le 11 janvier, à laquelle seraient également conviés des maires. Certaines associations envisagent de la boycotter, refusant à juste titre de cautionner la politique de chasse aux migrants du gouvernement.

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