Guadeloupe – Martinique : la honte doit changer de camp !27/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2578.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Guadeloupe – Martinique : la honte doit changer de camp !

L’article suivant est extrait du journal trotskyste Combat ouvrier (Antilles-UCI).

« En octobre, des actrices de cinéma ont dénoncé un grand producteur de Hollywood. En quelques semaines, leur exemple a donné confiance à des milliers d’autres femmes, qui ont elles aussi dénoncé le harcèlement sexuel qu’elles ont vécu. [...]

Mi-novembre, en Guadeloupe, le journal lycéen et étudiant Rebelle ! a dénoncé publiquement la protection dont bénéficie un professeur du lycée Baimbridge, qui harcèle sexuellement des lycéennes depuis plus de dix ans sans que le rectorat ne réagisse. Cela fait sept ans que Rebelle ! proteste contre l’attitude des responsables académiques, qui protègent les « éducateurs » harceleurs, quand ils n’en font pas eux-mêmes partie. Au lycée agricole de Convenance, cela a permis de faire condamner un professeur, qui ne pourra plus travailler avec des mineurs.

Les hommes harceleurs ne se trouvent pas que dans les écoles, loin de là. Au travail, beaucoup de femmes sont confrontées au harcèlement sexuel, depuis les remarques déplacées et humiliantes jusqu’aux agressions les plus brutales. [...]

Aux Antilles, le sexisme est aggravé par la pauvreté. Les femmes des couches populaires, les travailleuses comme les chômeuses, doivent affronter toutes les difficultés de la vie et subir en plus cette discrimination sexiste. Cette situation a donné naissance à la femme potomitan (poteau central), qui est un modèle de force et de courage. C’est une image positive de la femme, héritée de la lutte pour l’existence de toutes celles qui ont fait face, depuis l’époque de l’esclavage, et qui continuent à faire face.

Mais cette femme potomitan est parfois considérée de manière un peu condescendante. Elle serait surtout cantonnée à la vie familiale, toute dévouée à ses enfants, et occupée à survivre au quotidien. C’est une fausse image. Car dès que les classes populaires se révoltent, ce sont les femmes qui sont en tête ! En Martinique comme en Guadeloupe, tous les grands mouvements ont eu leurs héroïnes, comme Lumina Sophie ou la mulâtresse Solitude. Et avec elles il y avait des milliers de femmes anonymes, dont l’histoire n’a pas retenu le nom.

En ce moment, les femmes dénoncent avec raison les « porcs » qui les harcèlent. Ces dénonciations sont précieuses, car elles permettent aux femmes de faire que la honte change de camp. Mais à l’avenir, lorsque les travailleurs reprendront le chemin d’une lutte d’ensemble, on peut parier que les femmes sauront une fois de plus se porter à la tête du combat. Ce sera leur plus belle revanche contre les petits messieurs qui se permettent aujourd’hui de les harceler ! »

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