Espagne : les droites nationalistes, gagnantes des élections27/12/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/12/2578.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : les droites nationalistes, gagnantes des élections

L’article suivant a été écrit par nos camarades de Voz obrera (Voix ouvrière – Espagne – UCI) après les résultats des élections catalanes du 21 décembre.

« Les résultats des élections régionales en Catalogne ont maintenu la polarisation des votes en fonction des deux camps nationalistes. Le bloc nationaliste catalan partisan de l’indépendance d’un côté et, de l’autre, le bloc nationaliste représenté par le Parti populaire de Rajoy et le parti Ciudadanos, maintiennent la Catalogne divisée en deux.

L’image de l’opinion publique donnée par ces élections montre de plus un recul des forces de gauche en faveur de la droite de chacun des deux camps. Ainsi, la classe travailleuse s’est vue divisée par le nationalisme. Dans l’affrontement politique en cours, elle n’a pas fait entendre ses intérêts et ses besoins. En restant sur le terrain du nationalisme, elle est tombée dans un piège dont bénéficient la droite et la bourgeoisie.

Ces élections ont connu une importante participation, 82 %, la plus importante depuis la mort de Franco. Pour le Parti populaire (PP), qui avait fondé ses espoirs dans la participation de la majorité silencieuse pour un retournement en faveur de l’espagnolisme unioniste, le revers a été énorme. Il s’effondre et ne garde que trois députés. Les élections ont donc sanctionné le parti de Rajoy pour son recours à l’article 155 de la Constitution et la suspension du gouvernement de l’autonomie catalane, ainsi que pour les mesures judiciaires répressives utilisées depuis le référendum du 1er octobre, où les indépendantistes avaient obtenu une majorité.

Ciudadanos, parti anti-indépendantiste, mené en Catalogne par Inès Animadas, a récolté de nombreuses voix du PP et de la partie de l’électorat populaire des villes non indépendantistes. Il est ainsi la force politique qui a recueilli le plus de voix, mais il ne pourra pas former de gouvernement, puisqu’en fin de compte le bloc indépendantiste disposera d’une majorité grâce aux accords entre ses diverses composantes. En réalité, grâce à la participation élevée, le bloc indépendantiste comme le bloc constitutionnaliste ont gagné des voix, mais entre les deux la différence n’est que de 165 000 voix.

Avec ces résultats serrés, 34 sièges pour Junts x Cat (le regroupement électoral autour de Puigdemont), 32 pour Esquerra republicana, et les 4 du mouvement radical catalaniste CUP, Puigdemont, Junqueras et Riera sont amenés à s’entendre pour former un gouvernement. Et de la même façon Rajoy, pour le gouvernement central, doit prendre note du résultat électoral et agir en conséquence. Il est à supposer que tous ces gens tenteront de s’entendre pour trouver une issue à court terme à cette situation. En effet une partie de ces dirigeants catalans sont en prison ou sous le coup de poursuites judiciaires, tandis que Puigdemont reste à Bruxelles. À plus long terme, une réforme constitutionnelle est à l’ordre du jour pour tenter d’éviter que le conflit ne s’enlise dans une boucle sans issue.

Pour les communistes révolutionnaires que nous sommes, on ne peut pas ne pas voir que c’est la droite le grand vainqueur en Catalogne et que ce sont les formations de gauche qui ont reculé.

En effet il ne faut pas oublier que le parti de Puigdemont a été le parti de l’austérité en Catalogne, bien que, de façon démagogique, il ait voulu faire passer les coupes budgétaires comme des impôts provenant des diktats de Madrid. Par ailleurs, à droite toujours, Ciudadanos, que beaucoup considèrent comme une sorte de doublure du PP, se prétend une alternative à la droite corrompue de Rajoy.

La Catalogne est pour le moment divisée selon des critères nationalistes, et non des critères sociaux, une division dans laquelle n’apparaissent pas les problèmes des travailleurs. Dans le reste de l’Espagne aussi, la droite s’est réveillée et a secoué ses vieux complexes, apparaissant à visage découvert face à la société.

Dans notre époque de crise capitaliste, qu’il s’agisse de gouvernements de droite ou de gouvernements qui se prétendent plus sociaux ou libéraux, ceux-ci s’en prennent directement à la classe travailleuse et aux classes populaires, avec l’objectif de préserver les bénéfices des banques et des grands capitalistes : c’est leur raison d’être. Le nationalisme, de part et d’autre, n’est rien de plus qu’un piège qui empoisonne la population ouvrière dans des illusions qui favorisent la bourgeoisie et ses forces de droite, et servent à masquer l’exploitation, les coupes sociales, la précarité et le chômage.

Nous sommes convaincus qu’en Catalogne comme dans le reste du pays la population en général et les travailleurs vont reprendre le chemin de l’union et de la solidarité ouvrières, unique chemin possible pour lutter contre le chômage, contre les expulsions de logements, pour vaincre la pauvreté, comme tant d’autres problèmes auxquels les classes populaires sont confrontées.

Dans ces élections, apparaît clairement la nécessité de construire un parti ouvrier communiste qui représente et soit la voix des travailleurs, en défendant la perspective d’un avenir socialiste. C’est pourquoi la seule chose à faire est de s’unir contre les Puigdemont et les Rajoy, Arrimadas et autres, et lutter contre la bourgeoisie, et au final contre l’État capitaliste, qu’il soit catalan ou espagnol. »

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