Dans le monde

Un sauveur venu… de Géorgie ?

Il est dérisoire que le mouvement qui dénonce la corruption au sommet de l’État ukrainien n’ait trouvé d’autre figure de proue que Mikhaïl Saakachvili : un politicien-aventurier comme la chute de l’URSS en a vu surgir, qui avait fini par prendre la présidence de la République ex-soviétique de Géorgie.

Ayant étudié aux États-Unis, où il avait exercé comme avocat, il avait été d’autant plus soutenu par Washington qu’il affichait son hostilité à la Russie de Poutine.

Ayant provoqué une guerre-éclair contre celle-ci, Saakachvili l’avait perdue en même temps que son aura et la tête de l’État. Rejeté par son camp, il avait dû fuir la Géorgie, où la justice lui demandait des comptes pour des affaires d’abus de pouvoir et de pots-de-vin.

Il n’en fallait pas plus pour que le nouveau président ukrainien lui offre un poste de gouverneur d’Odessa, grand port de la mer Noire et lieu de multiples trafics. En voulant s’y imposer, Saakachvili avait piétiné les plates-bandes d’affairistes proches de Porochenko.

S’étant aliéné son protecteur, il avait fui à l’étranger. Il vient d’en revenir pour prendre la tête de l’opposition à Porochenko, vomi par une majorité de la population. En fait, Saakachvili incarne les illusions d’une partie de la petite bourgeoisie des villes sur la possibilité de se doter d’un pouvoir honnête, démocratique, sans rien changer de notable au système, un rôle de sauveur qu’avaient tenu en leur temps d’autres affairistes aussi peu reluisants que lui : la « princesse du gaz » Youlia Timochenko, puis le « roi du chocolat » Porochenko.

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