Leur société

Saint-Denis – Rue de la République : la lutte a payé

Les cinq habitants qui campaient depuis le 17 novembre devant l’immeuble du 48, rue de la République à Saint-Denis, près de Paris, sont de nouveau rentrés dans le dispositif d’hébergement d’urgence.

Ces habitants, comme tous ceux de l’immeuble, avaient été délogés par la police lors de l’assaut donné contre les terroristes du 13 novembre 2015. Leur immeuble avait été complètement détruit, ils ont vécu six heures de cauchemar sous les balles.

D’emblée, l’État a montré tout son mépris pour ces habitants d’un quartier populaire, en leur déniant le statut de victimes du terrorisme et en refusant de s’engager à reloger toutes les familles. Il a fallu la mobilisation des résidents, qui se sont organisés en association avec le soutien du DAL (Droit au logement), et des voisins pour que le préfet accepte le principe du relogement.

Deux ans après, la moitié des familles sont encore à l’hôtel et cinq personnes ont été exclues pour des motifs dérisoires de ce dispositif d’hébergement d’urgence. Les voisins ainsi que les habitants ont donc de nouveau manifesté pour soutenir le campement des cinq sinistrés. Ces derniers ont également participé à l’occupation du gymnase Roquépine, situé à deux pas de l’Élysée, dans le 8e arrondissement, avec 150 autres mal-logés.

Dès le lendemain, l’association des victimes du 48, accompagnée du DAL, a été reçue par la préfète à l’égalité des chances de Seine-Saint-Denis. Non seulement les cinq sinistrés ont alors obtenu une proposition d’hébergement en appart-hôtel, mais la préfète a promis de réexaminer les dossiers des deux derniers sans-papiers du 48. Elle va mettre en place une Mous (maîtrise d’œuvre urbaine et sociale) pour accélérer le relogement des habitants encore à l’hôtel. Elle a promis aussi l’accès prioritaire des victimes à un suivi psychologique à l’image de celles du 13 novembre. Et, signe que les choses se débloquent enfin, deux familles ont reçu le même jour une proposition de relogement.

Seule l’obstination des habitants du 48 leur a permis de se faire respecter. Ils continuent d’exiger le statut de victimes du terrorisme, qui leur permettrait d’être indemnisés à hauteur du préjudice subi et de ce qu’ils ont vécu.

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