Dans le monde

Brésil : après le Code du travail, les retraites attaquées

Le vendredi 10 novembre a été marqué, au Brésil, par des grèves et des manifestations. L’ensemble des confédérations syndicales appelaient les travailleurs à protester contre la nouvelle législation du travail, qui entrait en vigueur le lendemain, et contre la réforme des retraites en préparation. Dans les deux cas, les droits des salariés reculent.

Pour les contrats et les conditions de travail, en plus de faciliter la sous-traitance, la nouvelle loi instaure le travail autonome : au sein de l’entreprise, le salarié est remplacé par une sorte d’autoentrepreneur qui n’a plus ni droits ni protection. On voit même naître le contrat de travail intermittent, à la manière des contrats zéro heure en Grande-Bretagne : le salarié est appelé, ou non, à travailler, sans aucun temps de travail garanti.

Pour les CDI, à la journée de travail de huit heures s’ajoutent deux heures supplémentaires qu’on ne peut refuser. Mais on peut aussi travailler jusqu’à douze heures par jour, à condition d’avoir ensuite un repos de trente-six heures. On généralise les banques d’heures et les temps partiels, auxquels on peut imposer des heures supplémentaires. Primes et vacances sont négociées. La grande idée est que tout peut être changé par accord ou par convention. Plus de loi : le salarié libre face au patron libre, et que le plus fort gagne !

En ce qui concerne les retraites, en revanche, il n’est plus question de flexibilité. Le gouvernement veut imposer un âge minimum de 65 ans pour les hommes et 62 ans pour les femmes, avec un minimum de vingt-cinq ans de cotisation, au lieu de 60 et 55 ans avec quinze ans de cotisation jusqu’ici. Cela concerne surtout les travailleurs de la fonction publique et ceux des très grosses entreprises, car la moitié environ des salariés n’ont pas de contrat de travail du tout, ne cotisent pas et n’ont pas de retraite.

Autre aggravation : la valeur des annuités de cotisation varierait, augmentant au fil du temps. Selon les syndicats, pour une retraite intégrale, c’est-à-dire équivalant au salaire, il faudrait à un fonctionnaire quarante-quatre ans de travail continu, au lieu d’une trentaine actuellement.

Le président Temer, accusé de corruption et déconsidéré, affirme que, même s’il ne trouvait pas une majorité de députés pour voter cette réforme impopulaire des retraites, il continuerait à travailler pour elle. La bourgeoisie le lui demande pour assurer ses profits, ses dégrèvements d’impôts, le re­financement des dettes de ses entreprises. Temer peut être corrompu, l’important est qu’il « fasse le job », un job qui consiste à récupérer toujours plus de milliards dans les poches des travailleurs.

Partager