Amazon : modernité et surexploitation29/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2574.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Amazon : modernité et surexploitation

Alors que la firme de vente en ligne Amazon augmentait son chiffre d’affaires le 24 novembre grâce au Black Friday, en Italie et en Allemagne ses centres logistiques étaient touchés par une grève.

Car, derrière chaque clic d’acheteur faisant une commande, il y a un employé qui doit préparer un colis dans les immenses entrepôts d’Amazon. Le succès de cette entreprise tient tout autant à la facilité d’acheter sans bouger de chez soi qu’à l’exploitation qu’elle fait subir aux travailleurs.

À l’entrepôt de Tilbury en Grande-Bretagne, le jour du Black Friday les employés n’ont eu que neuf secondes pour préparer chaque commande. Ils ont marché seize à vingt kilomètres dans leur journée de travail et n’ont eu que deux pauses d’une demi-heure. Un employé s’est évanoui et a dû être emmené à l’hôpital. Les autres jours, même quand il n’y a pas de marchandise à mettre en colis, les employés ne sont de toute façon pas autorisés à s’asseoir.

Amazon augmente ses ventes de façon très importante en fin d’année. En France, il recrute pour quelques semaines jusqu’à 7 500 intérimaires.

En Italie, le plus grand des trois centres de logistique, à Castel San Giovanni, près de Piacenza, a été touché par une grève le 24 novembre. Amazon y emploie directement 1 600 travailleurs, dont seulement 500 en CDI, et 3 500 autres y travaillent temporairement en cette saison. Le mécontentement s’est exprimé sur les salaires, qui sont au minimum légal, mais aussi sur le contrôle tatillon du temps de pause, y compris pour aller aux toilettes.

En Allemagne, six des neufs centres d’Amazon ont aussi été touchés le même jour par une grève. Dans ce pays, depuis plusieurs années, le syndicat des services Ver.di profite de ce Black Friday, qui lance la période des achats de Noël, pour appeler les employés à des grèves contre des rythmes de travail qui esquintent leur santé. Une grève sur les salaires avait déjà eu lieu il y a deux mois.

Pendant que les plus de 300 000 salariés d’Amazon dans le monde et les nombreux intérimaires qui les rejoignent en fin d’année se débattent avec des salaires insuffisants et un travail épuisant, la fortune de Jeff Bezos, fondateur, actionnaire et PDG d’Amazon, a augmenté de 2,4 milliards de dollars en une journée grâce à l’envol des actions, pour atteindre 100 milliards.

L’homme le plus riche de la planète le doit à sa qualité de grand exploiteur du travail d’autrui.

Partager