Marché de l’art : des sommes folles dans un système fou23/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2573.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marché de l’art : des sommes folles dans un système fou

En dix-neuf minutes, le tableau Salvator Mundi, de Léonard de Vinci, a été vendu 450,3 millions de dollars, soit plus de 380 millions d’euros.

Il devient ainsi le tableau le plus cher jamais acheté, loin devant Les femmes d’Alger de Picasso, vendu 179,4 millions de dollars en 2015 ou Tableau sans titre de Jean-Michel Basquiat, vendu 110,5 millions de dollars au printemps dernier.

Le vendeur, un milliardaire russe, propriétaire également du club de foot AS Monaco, avait acheté ce Léonard de Vinci en 2013, pour la modique somme de 127,5 millions de dollars. Il aura ainsi empoché 322,8 millions de dollars en moins de vingt minutes.

Les heureux acquéreurs de l’œuvre seraient, eux, deux fonds d’investissement qui destineraient le tableau à être loué, pendant plusieurs années, à tour de rôle, à de grands musées. Pour ces derniers, exposer un tel tableau leur garantirait de nombreux visiteurs, et donc des rentrées d’argent importantes, pour eux et pour les propriétaires de l’œuvre.

Il y a longtemps que l’art est un marché comme un autre, et que les œuvres sont des placements spéculatifs attirant des capitaux énormes. Au cours des dix dernières années, les banques ont constitué entre 350 et 400 fonds d’art dont la mission est de miser sur les œuvres à vendre, contribuant à en monter les prix vers des chiffres astronomiques. D’après le fondateur d’Artprice, leader mondial de l’information sur le marché de l’art, cité par le Journal du Dimanche : « Les œuvres sont un placement sûr et peu risqué parce qu’elles sont portées par l’appétit dévorant des musées. Un lot de plus de 50 000 euros peut rapporter en moyenne annuelle 11 % (…), au-dessus d’un million, son retour sur investissement peut dépasser les 18 %. »

L’avenir dira si le placement est risqué ou non, mais, quoi qu’il en soit, la place de ces chefs-d’œuvre serait dans des musées publics, où chacun devrait pouvoir les contempler gratuitement. Les prix record qu’ils atteignent en disent long sur la folie du système capitaliste, qui peut tout transformer en objet de spéculation et en placements financiers, alimentés par des capitaux colossaux, eux-mêmes fruits de l’exploitation de centaines de millions de travailleurs à travers le monde.

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