Médecine scolaire : missions impossibles15/11/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/11/p7_MVdecin_scolaire_OK_Lupo_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C192%2C2048%2C1344_crop_detail.jpg

Leur société

Médecine scolaire : missions impossibles

L’Académie de médecine vient de publier un rapport alarmant sur la médecine scolaire, décrivant une situation catastrophique.

Illustration - missions impossibles

« 1 027 médecins scolaires de l’Éducation nationale étaient en fonction au 1er juin 2016, pour 12 millions d’élèves, [ce qui fait un médecin pour plus de 11 000 élèves] soit un effondrement des effectifs de l’ordre de 20 % depuis 2008. La pyramide d’âge est extrêmement défavorable, puisque l’âge moyen est de 54,8 ans : une quarantaine de médecins ont plus de 65 ans et 240 ont entre 60 et 65 ans, ce qui laisse présager d’un nombre très important de départs à la retraite dans les années qui viennent. L’attractivité pour la médecine scolaire est médiocre en raison de sa faible reconnaissance professionnelle et des mauvaises conditions matérielles. La répartition est très hétérogène, allant de 2 000 à 46 000 élèves pour un seul médecin… Le taux des visites pour les élèves de 6 ans varie selon les régions de 0 à 90 % : en moyenne 57 % en 2016. »

Les gouvernements connaissent cette situation depuis longtemps, et périodiquement des rapports sont faits, de belles déclarations sont proclamées. Il y a moins d’un an, une Convention-cadre de partenariat en santé publique a été signée par les ministres de la Santé et de l’Éducation nationale : des mots, un communiqué, et strictement aucun moyen supplémentaire pour recruter à la mesure des besoins.

Car les missions des médecins scolaires sont nombreuses et indispensables. Par exemple, la visite médicale pour les enfants de six ans, prévue dans le Code de l’éducation, est obligatoire et pourtant quatre sur dix n’y ont pas droit. Ce sont les enfants des milieux les plus défavorisés qui en subissent les conséquences, ceux qui ont une mauvaise couverture sociale, ceux des régions sinistrées où avoir un rendez-vous avec un ophtalmologiste, un ORL ou un dentiste relève du parcours du combattant. Pour beaucoup d’entre eux, si le dépistage des problèmes de vision ou d’audition n’est pas fait à l’école, il ne sera pas fait du tout. Avec toutes les conséquences désastreuses pour la suite.

Le dépistage des troubles des apprentissages est la spécificité du médecin de santé scolaire qui doit en faire un diagnostic et proposer une prise en charge adaptée par un orthophoniste, un psychologue, un psychomotricien, autant dire mission impossible quand on a des milliers, voire des dizaines de milliers d’enfants à suivre !

Les médecins scolaires devraient suivre les enfants porteurs de maladies chroniques, les allergiques, les diabétiques, les drépanocytaires (porteurs d’une maladie héréditaire du sang) ou autres nécessitant des soins à l’école ou la prise de médicaments, former les enseignants et les animateurs. Ils devraient voir les enfants des classes spécialisées non-francophones, le plus souvent sans couverture sociale, arrivant de pays sinistrés par la guerre ou la misère, et aussi les enfants en situation de handicap qui ont besoin de soins et d’adaptation en classe.

Les textes prévoient aussi de faire de la prévention contre les grands fléaux tels que le tabagisme, l’obésité, l’alcoolisme ou les addictions diverses, de voir les adolescents avant une orientation professionnelle pour éviter toute contre-indication, notamment le travail sur les machines dangereuses. Sans parler de tous les cas d’urgence, comme les situations de maltraitance, les épidémies de teignes, gales et autres maladies de la misère.

Toutes ces missions utiles et nécessaires sont irréalisables sans des effectifs et des moyens supplémentaires. Non seulement le gouvernement n’applique pas ses propres textes, mais il laisse toute la médecine scolaire se dégrader. Cela s’appelle de la non-assistance à l’enfance.

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