Espagne : le piège de l’indépendantisme et du nationalisme15/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2572.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : le piège de l’indépendantisme et du nationalisme

Le 11 novembre, 750 000 personnes ont manifesté à Barcelone à l’appel des deux principaux partis catalanistes, l’ANC (Assemblée nationale catalane), Omnium ainsi que la CUP, selon les chiffres de la police municipale de la ville. Certains arborant des pancartes « Liberté » et « SOS démocratie », ils réclamaient la remise en liberté des dirigeants indépendantistes catalans emprisonnés sur décision de justice.

De son côté, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a entamé la campagne pour les élections du 21 décembre destinées à renouveler le Parlement de Catalogne, en se rendant le lendemain même de cette manifestation à Barcelone pour y présenter les candidats de son parti, le Parti populaire (PP). Sous prétexte de « protéger la reprise » et « la tranquillité dans la vie quotidienne », Rajoy en a appelé à tous ceux qui, sans être nécessairement favorables à la politique de droite défendue par le PP, ne le sont pas non plus à l’indépendance de la région. « La Catalogne est l’Espagne », a également dit Rajoy à destination des entreprises, dont 2 000 auraient déjà quitté la Catalogne par crainte des éventuelles conséquences d’une indépendance de la région.

À présent, à l’approche des élections décidées par le Premier ministre à la suite de la dissolution du Parlement catalan, les deux camps, celui des catalanistes comme celui des « unionistes » madrilènes sont entrés en campagne et affûtent leurs arguments. L’enjeu, pour Rajoy et son parti, est de montrer qu’en Catalogne, toute la population n’est pas favorable à l’indépendance.

Du côté du camp catalaniste, malgré le nombre de manifestants à Barcelone, l’unité des partis n’est pas à l’ordre du jour. Le parti de droite de Puigdemont, le PdeCat, la Gauche républicaine (ERC) et la Candidature d’unité populaire, la CUP, présentée comme gauche plus radicale, ont en effet pour l’instant déclaré présenter chacun ses candidats. Quant à la maire de Barcelone, Ada Colau, liée à Podemos, elle a pris ses distances vis-à-vis des dirigeants indépendantistes. « Ils ont fait cette déclaration d’indépendance en trompant la population pour des intérêts partisans », a-t-elle déclaré à leur propos.

Bien des tractations et des alliances peuvent encore se produire d’ici le 21 décembre. Mais on peut être certain que ces élections, quel qu’en soit le résultat, ne pourront régler de façon durable le problème soulevé, pour le moment en Catalogne. En effet, les divisions que cette crise politique a sans doute aggravées dans la région, et dans l’Espagne entière, au sein de la classe politique mais surtout au sein de la population, vont demeurer.

En Catalogne, une partie de la population, essentiellement dans la petite bourgeoisie mais aussi dans les classes populaires, est fermement attachée à l’idée de l’indépendance. Elle est prête à soutenir des dirigeants corrompus et menteurs qui n’ont de cesse de tenter, derrière la bannière indépendantiste, de faire oublier qu’ils sont, en Catalogne, les artisans d’une politique antiouvrière.

Dans le reste de l’Espagne, le conflit en cours a également donné l’occasion à Rajoy et à son gouvernement de se présenter comme les sauveurs de l’unité de l’Espagne. Et cette politique comme ces manœuvres leur serviront pour imposer des sacrifices à l’ensemble de la classe ouvrière du pays.

Le nationalisme catalaniste comme le nationalisme « espagnoliste », se renforçant l’un l’autre, constituent un danger par la division qu’ils introduisent ou renforcent au sein de la classe ouvrière du pays, mais aussi parce qu’ils donnent à la bourgeoisie, son ennemi de classe, des armes supplémentaires pour imposer sa politique aux classes populaires de l’ensemble du pays.

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