Dans le monde

Turquie : brut d’exploitation

Le 1er novembre, des clients de la boutique de vêtements Zara d’Istanbul ont pu trouver un petit message dans leur emplette : « J’ai fabriqué cet article que vous vous apprêtez à acheter et je n’ai pas été rémunéré. » C’est ainsi que les ouvriers de l’usine textile Bravo d’Istanbul se font entendre.

Leur patron, sous-traitant pour les grandes marques internationales, a fermé l’usine sans crier gare, sans payer aucune prime et laissant de plus 140 ouvriers avec trois mois de salaires non payés. Depuis un an ces travailleurs tentent d’obtenir justice, y compris auprès des donneurs d’ordres comme Zara.

Le textile emploie deux millions d’ouvriers en Turquie, dont une bonne partie pour des groupes internationaux de l’habillement ou de la grande distribution. Dans la chaîne des sous-traitants, on arrive jusqu’à des ateliers aux conditions de travail sordides. La radio britannique BBC a fait le 25 octobre un reportage dans ces usines textiles, qui emploient des enfants à partir de 7 ans, où les ouvriers manipulent des produits toxiques sans aucune protection, où les journées de travail s’allongent jusqu’à 12 heures et les salaires sont au-dessous du minimum légal. Depuis quelque temps la situation se dégrade encore, car les réfugiés syriens, fuyant la guerre, affamés et sans papiers, sont encore plus mal traités si c’est possible que les travailleurs autochtones.

Les grandes marques européennes, principales bénéficiaires de cette exploitation féroce, jouent les vertus outragées : elles ne sont pas au courant, elles exigent que leurs sous-traitants respectent les règles, etc. En 2013, 1 135 ouvriers du textile avaient péri dans l’effondrement de leurs ateliers, au Bangladesh. Dans les ruines, les sauveteurs ramassaient des étiquettes de vêtements de grands distributeurs occidentaux. Après quoi, toutes ces grandes marques avaient signé des engagements moraux quant aux conditions de travail, de salaire, de dignité des travailleurs.

On voit comment elles les respectent.

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