Pénurie : l’argent du beurre sans le beurre !01/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2570.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pénurie : l’argent du beurre sans le beurre !

Depuis quelques semaines, il devient difficile de trouver des plaquettes de beurre dans certains supermarchés. Les causes invoquées ont de quoi faire sourire (la crémière !), car tout y passe sauf la principale : l’absurdité du marché capitaliste.

Pour certains, c’est de la faute des vaches qui produisent moins de lait pour l’industrie en hiver ! Mais, bien entendu, d’autres y voient la responsabilité de la Chine qui, avec ses 1,5 milliard d’habitants, fait exploser la demande mondiale de beurre, dit Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières. D’autres encore invoquent la sécheresse ou les vaches néo-zélandaises, sans oublier les consommateurs, dont certains auraient changé d’avis sur le beurre et en consommeraient plus.

Bien entendu, les vaches produisent depuis longtemps moins de lait en hiver, le marché est mondialisé, etc. Le problème de la prétendue pénurie de beurre n’est pas là. En revanche, depuis des semaines, les industriels de l’agroalimentaire et les dirigeants de la grande distribution s’opposent dans un bras de fer sur la fixation des prix, entre autres celui des plaquettes de beurre. Depuis 2016, et sans qu’on en connaisse tous les tenants et aboutissants, réels sinon invoqués, on assiste à une envolée du prix du beurre sur le marché mondial, qui a encore augmenté de 50 % depuis juin. Les industriels du secteur (dont le géant mondial Lactalis) voudraient bien en profiter pour vendre leur beurre plus cher aux groupes de la grande distribution. Ceux-ci refusent, en arguant que leurs prix d’achat ont été fixés par contrat jusqu’au début 2018. Du coup, les industriels cherchent à les faire céder en les approvisionnant au compte-gouttes.

Pendant que les capitalistes des secteurs complémentaires mais aussi rivaux de la chaîne production-transformation-commercialisation des produits laitiers s’affrontent, les consommateurs à un bout et les producteurs de lait à l’autre payent les pots cassés. Les agriculteurs ont vu le prix de la tonne de lait qu’ils produisent baisser de 7,3 % en 2016 et de 14 % en 2015, au profit des industriels, alors que le prix du beurre a augmenté de 45 % entre 2015 et 2016. Ils ont lutté et n’ont obtenu à l’été 2017 qu’une hausse de quatre centimes par tonne de lait. Quant aux consommateurs, s’ils n’ont guère connu de baisse des prix dans la période précédente, ils subissent aujourd’hui de plein fouet les hausses de prix liées à une pénurie largement organisée.

L’absurdité et l’irrationalité du marché capitaliste sont les mamelles du profit !

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