Formation professionnelle : la réformer… ou créer des emplois ?01/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2570.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Formation professionnelle : la réformer… ou créer des emplois ?

Depuis mi-octobre, l’Élysée et le gouvernement consultent en vue d’une réforme du système de la formation professionnelle. Comme pour leur prétendue réforme du Code du travail, ils ont reçu les uns après les autres les syndicats et les organismes patronaux, avant d’annoncer un projet, non encore connu précisément, qui devrait faire l’objet d’une loi votée au printemps prochain.

Durant sa campagne électorale, Macron avait annoncé qu’il voulait réformer la formation professionnelle. Il ne faisait là que recycler une vieille recette : celle qui consiste, pour les politiciens de la bourgeoisie, à imputer la persistance d’un chômage de masse, non pas aux licenciements et au refus d’embaucher de la part du patronat, mais à un défaut de formation ou à une mauvaise formation des salariés. Et de promettre qu’avec lui cela allait changer…

On connaît la chanson. Cela fait des années qu’on nous la serine, sans que le chômage recule. Et pour cause. Selon une enquête menée en 2014 par la Dares, l’organisme des statistiques du ministère du Travail, qui portait sur 6,6 millions d’emplois proposés à l’embauche, seuls 2,6 % d’entre eux n’avaient pas trouvé preneur pour cause de manque de formation !

Le comble est que Macron présente sa réforme de la formation professionnelle comme une contrepartie au démantèlement du droit du travail. Ainsi, le gouvernement aurait d’abord « libéré » le marché du travail, pour donner aux patrons la liberté d’embaucher. En compensation, les salariés devraient croire maintenant que le gouvernement les protège en leur garantissant une formation.

De ce qui a filtré dans les médias sur le projet gouvernemental, il ressort qu’aucune somme supplémentaire ne sera affectée à sa réforme. Mais ce ne sera pas une opération blanche pour tout le monde. Ainsi, selon le quotidien Les Échos, la réaffectation annoncée des cotisations sociales destinées à la formation professionnelle « aurait peu d’impact pour les grandes entreprises, et même cela pourrait leur être positif ».

Quant à la labellisation prévue des organismes de formation, elle devrait entamer le monopole des organismes paritaires collecteurs agréés. Ces Opca, où siègent des représentants du patronat et des fédérations syndicales, sont souvent décrits par la droite et les milieux patronaux comme inefficaces et, surtout, comme gérant en petit comité un gâteau de 32 milliards, le budget annuel de la formation professionnelle. Un gâteau auquel auraient désormais accès directement une foule d’entreprises, grandes et petites, qui grouillent autour de la formation professionnelle.

Ce que le quotidien cité commente ainsi : « C’est donc in fine une logique de marché qui est prônée, où la concurrence entre organismes de formation risque de faire rage. »

Derrière la mousse destinée à faire oublier le chômage, derrière les formations bidon ou ne débouchant sur rien, ou celles que les employeurs ou Pôle emploi refusent aux salariés et aux chômeurs, encore une fois, certains patrons d’organismes de formation ont de quoi former… des rêves de gros profits.

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