Déraillement d’un TGV d’essai : la SNCF responsable01/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2570.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Déraillement d’un TGV d’essai : la SNCF responsable

Un dernier rapport d’experts judiciaires accable la SNCF et sa filiale Systra dans le déraillement de la rame d’essai du TGV. Cet accident avait fait 11 morts et 42 blessés parmi les 53 personnes présentes à bord, le 14 novembre 2015 à Eckwersheim, près de Strasbourg.

À l’époque, la SNCF avait aussitôt allumé des contre-feux en parlant de personnes étrangères au service dans le train d’essai. Elle sous-entendait que celles-ci avaient pu détourner la vigilance des agents, et la justice n’avait pas hésité à inculper trois d’entre eux, dont le conducteur accusé de ne pas avoir freiné à temps.

En réalité, le rapport confirme ce que les cheminots savent depuis longtemps : l’écrasante responsabilité de la direction de la SNCF dans ce drame. La SNCF ainsi que sa filiale Systra avaient en effet demandé à l’équipage de procéder à des essais en survitesse, 10 % au-dessus de la vitesse de conception de la ligne, et non à la vitesse de commercialisation, comme elle a aussi essayé de le faire croire. Pire, un essai avait été fait juste avant à 330 km/h, au lieu des 187 km/h imposés par la conception de la voie.

L’ordre de rouler à 265 km/h dans la courbe mortelle, alors que les limites techniques étaient de 176 km/h, est bien venu d’en haut. De plus, le rapport établit que les cheminots à bord, et bien sûr le conducteur, n’étaient pas informés du niveau de survitesse, pas plus qu’ils n’étaient au courant qu’on leur demandait de franchir les limites techniques supportées par la voie. Par ailleurs, le rapport pointe du doigt des essais organisés sans la moindre coordination entre les entreprises sous-traitantes et la SNCF, et sans la moindre préparation raisonnable.

La tendance de la SNCF à faire l’impasse sur la sécurité ne va malheureusement pas s’arrêter là. Tout d’abord, comme l’explique un avocat des victimes, la SNCF n’est toujours pas poursuivie pour cet accident mortel. Et c’est tous les jours qu’elle réduit le nombre de travailleurs, rogne sur l’entretien du matériel, ferme des centres de réparation, augmente le travail de nuit, déplace des agents au dernier moment sur des secteurs qu’ils ne connaissent pas et multiplie les intermédiaires par le recours à la sous-traitance et l’emploi de salariés non formés. Tout cela, mis bout à bout, entraîne le vieillissement du matériel, la perte d’information, la hausse des risques, l’augmentation de la fatigue et du stress des agents.

La sécurité est sacrifiée au nom des économies, et cela peut finir par tuer, comme à Brétigny en 2013 ou lors de cet essai meurtrier.

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