Dans le monde

Centrafrique : l’impérialisme français responsable du chaos

Entre 2013 et 2016, deux mille soldats français étaient intervenus en Centrafrique. Un an après la fin de cette opération baptisée Sangaris, la population subit encore les exactions d’une multitude de bandes armées qui contrôlent la plus grande partie du pays, grand comme la France et la Belgique réunies.

Selon le porte-parole du gouvernement centrafricain lui-même, « quatorze des seize provinces du pays sont aujourd’hui sous la coupe de groupes armés ». Rien que dans les six derniers mois, ceux-ci ont fait des centaines de morts et provoqué la fuite de dizaines de milliers d’habitants, sous le regard de 12 000 soldats africains et pakistanais de l’ONU, encadrés notamment par 350 militaires français restés sur place après la fin de l’opération Sangaris. Au total un million de personnes, près de 20 % de la population du pays, sont parties de chez elles pour survivre à l’intérieur du pays ou à l’extérieur, au Tchad et au Cameroun notamment. Il s’ensuit que les récoltes peuvent de moins en moins être assurées, une crise alimentaire menace.

La responsabilité de l’impérialisme français dans ce désastre est écrasante. Durant un demi-siècle après l’indépendance en 1960, les gouvernants centrafricains avaient été faits et défaits par la France, parmi lesquels l’empereur Bokassa de sinistre mémoire. Plus récemment, François Bozizé a aidé l’impérialisme français à piller le pays en prélevant au passage sa part de diamants extraits dans le pays et en détournant l’aide humanitaire. Mais il fut renversé en mars 2013 par les rebelles de la coalition Séléka, un groupe armé du nord-est du pays à majorité musulmane qui avait déjà à son actif le pillage de plusieurs villes.

Le gouvernement de Hollande, inquiet d’une évolution qu’il ne contrôlait pas, envoya alors ses soldats en soutien à d’autres milices, les anti-balaka qui s’attaquaient aux populations musulmanes. Les troupes françaises elles-mêmes ainsi que celles de l’ONU furent accusées de plusieurs centaines de viols. Depuis, les deux milices rivales se sont scindées en une multitude de bandes qui rançonnent, tuent, luttent pour le partage des zones diamantifères et le contrôle des chemins de transhumance tandis que l’État se disloque.

Pour tenter de reprendre la main, Macron, à la suite de Hollande, s’appuya sur Faustin Archange Touadéra qui fut, de 2008 à 2013, Premier ministre de Bozizé et donc son complice. L’an dernier, des élections voulues par Hollande lui ont donné une légitimité démocratique en le propulsant à la présidence. Dans la continuité, en septembre dernier, il a été reçu à l’Élysée par Macron qui l’a encouragé « à poursuivre les efforts destinés à faciliter la réconciliation nationale ». Or, deux semaines plus tôt, Touadéra avait fait entrer au gouvernement des représentants des deux factions rivales, Séléka et anti-balaka, toutes deux rompues à terroriser les populations.

Cela en dit long sur ce qu’est vraiment le gouvernement centrafricain et sur les prétentions humanitaires de l’impérialisme français qui le soutient à mettre fin à un chaos qu’il a lui-même suscité.

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