Malte : meurtre au paradis fiscal18/10/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/10/2568.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Malte : meurtre au paradis fiscal

Daphne Caruana Galizia, journaliste et blogueuse maltaise, a été tuée le 16 octobre par une bombe placée sous sa voiture.

L’île méditerranéenne de 430 000 habitants est connue pour être un paradis fiscal au cœur de l’Europe, abritant sous son pavillon 4 300 yachts hyper luxueux à plusieurs millions d’euros, dont ceux de quelques grands patrons français. L’impôt sur les bénéfices des sociétés, l’IS, actuellement à 33 % en France et que Macron veut ramener à 28 %, n’y dépasse pas 5 %. Renault et PSA, pour ne citer qu’eux, y ont domicilié leurs filiales d’assurances, soustrayant aux finances publiques 119 millons d’euros par an. L’optimisation fiscale, parfaitement légale, économise 60 milliards aux capitalistes français. Le secteur de la finance au sens large constitue donc, loin devant le tourisme, la première activité de l’île de Malte, dépourvue d’industrie et de ressources naturelles.

Capitalisme oblige, tout n’y est pas aussi transparent que les eaux qui baignent ses côtes. Daphne Caruana Galizia, dans son blog très populaire, avait relaté l’aspect maltais de l’affaire des Panama papers, où s’étaient trouvés impliqués en 2016 deux très proches collaborateurs du Premier ministre maltais, le travailliste Joseph Muscat. Il y a quelques mois, on apprenait aussi que l’épouse du Premier ministre était impliquée dans une autre société offshore, abondée de crédits azéris au moment où se négociaient, entre Malte et l’Azerbaïdjan, de gros contrats.

La journaliste, proche de l’opposition de centre-droit, dénonçait aussi les commissions, occcultes ou non, dont bénéficient nombre de sociétés opérant à l’ombre du soleil maltais.

Les banques de l’île seraient, selon les journalistes de Mediapart notamment, la grande lessiveuse de l’argent de la mafia italienne.

C’est visiblement cette dénonciation de la corruption capitaliste et de ses serviteurs officiels et officieux que Daphne Caruana Galizia a payée de sa vie.

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