Dans le monde

Grèce : les vautours

Dans une lettre à des députés européens, le président de la Banque centrale européenne (BCE) les a informés que les emprunts d’État grecs, rachetés dans le cadre d’un programme de soutien au pays en crise, ont produit 7,8 milliards d’euros d’intérêts entre 2012 et 2016. Ces profits doivent être redistribués aux banques centrales des pays de la zone euro proportionnellement à leur investissement.

Une preuve de plus que ce qu’on appelle « aide à la Grèce » est une véritable escroquerie qui avait déjà déclenché des réactions en 2012. À l’époque, les institutions européennes avaient décidé qu’il fallait rétrocéder à la Grèce les intérêts perçus, ce qui n’a été fait qu’en 2013-2014 pour le gouvernement de droite de Samaras. Chaque banque centrale peut maintenant faire ce qu’elle veut de sa part des huit milliards d’intérêts cumulés.

De son côté, le FMI a empoché 3,5 milliards de dollars de bénéfices sur les crédits à la Grèce.

Tout est prétexte à extorquer le peu qui devrait revenir dans les caisses du pays. La dette s’accroît inexorablement, et c’est la population qui la paye.

En 2016, le produit intérieur brut, la somme des richesses du pays, a encore reculé de 2 %, entre autres en raison d’une baisse de la consommation, qui en dit long sur le régime imposé à la population. Selon les statistiques officielles, un Grec sur trois est considéré comme pauvre. Le salaire net mensuel moyen pour un jeune de 20 à 24 ans se monte à 380 euros. Plus de la moitié des travailleurs du privé touchent un salaire brut inférieur à 800 euros. Encore faut-il réussir à se faire payer, le patron pouvant se contenter, pendant des mois, de verser une petite avance.

Les plans d’austérité continuent : pour 2018, il est prévu la suppression de la réduction d’impôts pour les dépenses médicales, une réduction de l’allocation de chauffage, une augmentation de la TVA dans des îles qui n’en sont pas encore au taux de 24 %, alors que des milliers de Grecs sont bien incapables de payer leurs impôts : en août, la presse titrait sur les 900 saisies bancaires effectuées chaque jour par le fisc !

Pour les classes populaires, pour les retraités, les chômeurs, et même ceux qui ont un emploi, c’est la lutte pour la survie, pendant que le gouvernement de Tsipras, comme les précédents de droite ou de gauche, s’incline devant les exigences des financiers, tout en évoquant une sortie du tunnel.

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