Leur société

Grand Paris Express : les géants du BTP à la manœuvre

Les 200 km de nouvelles lignes de métro automatique du Grand Paris Express, prévues pour entrer en fonctionnement entre 2022 et 2027, sont un des plus gros chantiers pour le BTP, en France et même en Europe. Des géants comme Bouygues, Vinci et Eiffage se sont positionnés. Ils commencent à faire monter la facture et ce n’est que le début.

La presse a relayé une publication d’experts annonçant une première explosion des coûts. Alors qu’en 2010, ceux-ci étaient estimés à 22 milliards d’euros, aujourd’hui, à encore plus de quatre ans de l’ouverture de la première ligne, ils sont déjà évalués à 35 milliards d’euros.

« Le Grand Paris Express est devenu un projet hors norme, pour lequel on s’apprête à atteindre des coûts de réalisation au kilomètre faramineux : plus de 300 millions d’euros sur certains tronçons, voire davantage », dit la publication spécialisée. Par comparaison, la ligne à grande vitesse Paris-Marseille a coûté environ 20 millions d’euros du kilomètre.

Le président de la Société du Grand Paris, responsable de l’attribution des marchés, ne nie pas l’explosion des coûts. Mais il jure qu’il n’y a pas eu d’entente entre les groupes du BTP pour faire monter les prix. Prenant l’exemple de la ligne 15 Sud, il prétend même : « La concurrence a joué à plein, on a fait baisser les offres de 20 % ». C’est en réalité invérifiable.

Sa justification est en réalité l’annonce que le prix total va encore augmenter. La ligne 15 Sud, la première à devoir entrer en service, est le premier pactole que les géants du BTP ne voulaient pas rater. Elle coûterait à elle seule, pour l’instant, presque 4 milliards d’euros. Bouygues et Vinci, qui se sont partagé l’essentiel des appels d’offres sur cette ligne, auraient fait un petit effort sur les prix. Rien n’est moins sûr. Et de toute façon, ils savent qu’une fois les marchés acquis, ils pourront faire monter la facture avant la livraison.

Face à cela le gouvernement envisage plusieurs options : soit il paye rubis sur l’ongle, et en temps et en heure, tout ce que lui réclament les bétonneurs ; soit il négocie le retard de certaines lignes voire leur abandon. Mais quels que soient ses choix, ce sont les Bouygues, Vinci et Eiffage qui sortiront vainqueurs. Les millions de travailleurs d’Île-de-France, eux, devront de toute façon supporter les coûts. Et, au bout du compte, ils n’auront peut-être même pas les transports en commun dont ils ont un besoin criant.

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