Centrales nucléaires : des défaillances inquiétantes18/10/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/10/2568.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Centrales nucléaires : des défaillances inquiétantes

Le 9 octobre, Greenpeace a remis aux autorités publiques un rapport alarmant sur la sécurité des 58 réacteurs nucléaires français et de l’usine de retraitement de déchets de la Hague.

Ce rapport, établi par sept scientifiques, dénonce la faible protection qui entourerait les piscines de stockage des barres de combustible situées dans les centrales. Ces barres, plus assez riches en uranium pour faire fonctionner les réacteurs mais encore radioactives et très chaudes, sont plongées sous plusieurs mètres d’eau en attendant d’être transportables pour retraitement. Ces piscines ont été installées sous des bâtiments sans coque protectrice en béton et seraient vulnérables face à d’éventuelles attaques aériennes.

Pour démentir les propos de la direction d’EDF, affirmant que les centrales étaient bien surveillées par la gendarmerie, Greenpeace a organisé une intrusion à la centrale de Cattenom en Lorraine. Son rapport n’est pas le premier à dénoncer des défaillances dans la sûreté des centrales. Sans même envisager des actes terroristes, d’autres documents font état de fuites dans les circuits d’eau contaminée, de faiblesses dans l’acier de certains générateurs de vapeur, de crayons de combustible qui se délitent ou du béton qui s’écaille. Fin septembre, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a imposé la fermeture des réacteurs du Tricastin, dans la Drôme, car l’une des digues du canal sur le Rhône qui longe la centrale présente des risques de rupture. Puis l’ASN a sonné l’alarme sur la rouille des tuyaux de pompage des circuits de refroidissement, qui rongerait la moitié des réacteurs. À chaque fois, la direction d’EDF dément ou minimise les risques et retarde systématiquement les décisions.

Opacité, mensonges et économies

Depuis l’origine, l’opacité et le mensonge sont la règle dans la filière nucléaire, vis-à-vis des salariés, des riverains et des élus locaux qui dénoncent « une perte de confiance ». En 2011 au Japon, la catastrophe de Fukushima a révélé comment l’opérateur privé Tepco avait falsifié les rapports alarmants sur la sûreté des installations, avec la complicité de l’État. En France, il n’y a aucune raison de faire davantage confiance à EDF, partiellement privatisée. Quant à l’État, il est depuis toujours aux petits soins pour les capitalistes de la filière qui peuvent compter sur Édouard Philippe, ancien directeur d’Areva, pour défendre leurs intérêts.

Le recours systématique à la sous-traitance avec des travailleurs précaires, l’augmentation de la charge de travail chez EDF, la recherche d’économies sur le matériel et le vieillissement des installations augmentent inéluctablement les risques d’accidents.

Pour obtenir l’autorisation de prolonger la durée de vie des centrales, EDF a lancé l’opération « grand carénage », pour laquelle elle annonce plus de 50 milliards d’euros de travaux. Ces sommes considérables, pourtant très insuffisantes pour régler les problèmes soulevés par Greenpeace, feront le bonheur des industriels du nucléaire et du bâtiment et serviront à justifier l’envolée du prix de l’électricité. Mais elles ne se traduiront ni par des embauches ni par une amélioration de la sûreté.

Les opposants au nucléaire s’appuient sur ces défaillances pour réclamer la sortie immédiate du nucléaire, sans toujours se préoccuper ni des risques que présentent les autres sources d’énergie, en particulier pour les travailleurs qui les mettent en œuvre, ni des conditions dans lesquelles les réacteurs seront démantelés.

Mais, si le nucléaire présente incontestablement des risques, le plus grand des dangers consiste à laisser la production de tous les besoins de l’humanité, dans l’énergie, l’agroalimentaire ou la santé, entre les mains de capitalistes mus par le seul profit à court terme.

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