PSA – Sochaux : les profits explosent, la précarité aussi11/10/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/10/LO2567.jpg.445x577_q85_box-0%2C23%2C300%2C411_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA – Sochaux : les profits explosent, la précarité aussi

Pour augmenter la production des Peugeot 3008 et Opel Grandland à Sochaux, la direction a mis en place une équipe supplémentaire du vendredi-samedi-dimanche (VSD), et recruté 1 500 travailleurs intérimaires en plus pour la démarrer au 1er septembre.

Si la direction a fait état de ses difficultés pour recruter des intérimaires de la région, beaucoup d’ouvriers pensent qu’elle a récolté ce qu’elle a semé. En effet, rien qu’au cours des cinq dernières années, pas moins de 5 000 travailleurs intérimaires ont fait l’amère expérience, une ou plusieurs fois, de l’exploitation chez PSA : une paie d’à peine plus de 1 200 euros net par mois, primes comprises, voire entre 700 et 900 euros les mois comportant des jours chômés, et un travail en équipes, avec des rythmes de travail de plus en plus intensifs.

Les agences d’intérim ne sont pas en reste, avec leurs menaces de rupture de contrat en cas d’accident du travail, leur façon d’anticiper la fin de contrat en raison de problèmes de santé contractés à l’usine, comme des maux de dos, des tendinites, etc. Elles n’hésitent pas non plus à parler d’absences sans motif quand des intérimaires ont fait grève contre la loi travail, par exemple, ou à invoquer des sanctions disciplinaires à la moindre difficulté dans le travail, comme des défauts dus au manque de temps pour faire les opérations, etc. Tout cela pour au final être rejetés à Pôle emploi en fin de contrat et retourner grossir les rangs des demandeurs d’emploi de la région.

Les 1 500 travailleurs intérimaires recrutés par PSA à l’usine de Sochaux pour l’équipe en VSD viennent en partie de la région, mais aussi des quatre coins du pays et même d’Espagne et du Portugal pour quelques dizaines d’entre eux. Parmi ces travailleurs intérimaires, certains ont dormi dans leur voiture faute de pouvoir se loger dès leur arrivée, d’autres ont dû réclamer leur prime calendaire, réclamer aussi parce que leur fiche de paie est truffée d’erreurs. PSA a fait appel, pour la première fois, aux services d’une agence d’intérim, “Go Job”, qui fait tout par Internet, les recrutements, les contrats, et qui a réussi à fournir des fiches de paie entièrement virtuelles parce qu’entièrement fausses ! En août dernier, près d’une centaine d’ouvriers intérimaires ont démissionné et quitté l’usine.

Aujourd’hui, entre les suppressions d’emplois en CDI et les recours massifs à l’intérim, la direction de Sochaux a fait exploser la précarité de l’emploi dans les ateliers de fabrication qui comptent 7 100 ouvriers au total, dont plus de 2 450 sont des travailleurs intérimaires. Et il faut y ajouter les emplois précaires des secteurs d’activités que PSA a sous-traités à des sociétés comme ISS, Geodis, STP, où des équipes comptent plus d’intérimaires que d’ouvriers en CDI.

La direction de PSA n’a pas attendu les ordonnances Macron pour commencer à généraliser la précarisation des emplois dans ses usines, comme celle de Sochaux.

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