Arabie saoudite : le progrès à pas de tortue04/10/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/10/LO2566_0.jpg.445x577_q85_box-0%2C11%2C158%2C216_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : le progrès à pas de tortue

Le roi Salman d’Arabie saoudite a décidé de permettre aux femmes de passer le permis de conduire à partir de juin 2018. C’est l’aboutissement d’une lutte de près de trente ans au cours de laquelle des dizaines de femmes ont été arrêtées et souvent condamnées à de la prison pour avoir pris le volant. « Nous avons gagné », a dit une de ces militantes.

En Arabie saoudite, les femmes ne peuvent pas sortir sans être accompagnées d’un homme de leur famille et pour la moindre démarche, quel que soit leur âge, elles ont besoin de l’autorisation de leur tuteur légal. Dans cette société machiste, c’est donc une petite révolution : une femme pourra s’inscrire toute seule pour passer le permis de conduire, et pourra sans chaperon prendre des leçons de conduite.

Outre le combat des femmes, la réforme répond plutôt aux difficultés économiques. La chute du prix du pétrole, unique ressource du pays, réduit les revenus de l’État, au moment même où la guerre au Yémen et le conflit avec le Qatar grèvent le budget.

Ainsi certains riches Saoudiens, qui sont des rentiers de l’État, ne peuvent plus payer chaque mois les 1 000 dollars en moyenne de frais de déplacement de leur femme, en taxi ou par chauffeur privé. Quant aux moins riches, qui doivent conduire eux-mêmes leur femme dans tous ses déplacements, ils doivent travailler davantage et n’en ont plus le temps. Or près d’un tiers des Saoudiennes travaillent déjà, comme vendeuses, enseignantes, soignantes – pour femmes évidemment. À quelque chose la crise est bonne.

Si les pressions en sens inverse ne font pas annuler la décision, d’ici huit mois on pourra voir en Arabie saoudite des femmes seules au volant. Ce sera un pas en avant pour les femmes qui se battent pour leurs droits.

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