Dans le monde

Italie : un gouvernement prêt à tout pour stopper les migrants

Dans son empressement à barrer la route aux migrants, Marco Minniti, le ministre de l’Intérieur italien, a multiplié les contacts en Libye. Chefs de gouvernement ou de tribu, notables locaux plus ou moins criminels : il n’a négligé aucun interlocuteur.

Après la campagne contre les ONG portant secours aux migrants, accusées d’entente avec les passeurs, contraintes de signer un code de bonne conduite et d’accepter la présence des militaires à bord de leurs bateaux, Minniti a entonné le refrain connu de tous les politiciens : « Il faut aider les migrants chez eux ».

En fait d’aide, il s’agit de trouver un endroit où les parquer le plus loin possible des côtes italiennes. Et puisque beaucoup de migrants, quel que soit le pays qu’ils fuient, convergent vers la Libye pour tenter de passer en Europe, c’est ce pays qui est devenu l’objet de toutes les attentions de Minniti. Dans ce pays morcelé depuis la chute de Kadhafi et sous la coupe de plusieurs autorités, chefs de tribu ou de milice, il a assuré de la volonté du gouvernement italien d’aider à « la gestion de la crise migratoire ».

Personnellement lié aux services d’espionnage italiens, actifs en Libye, ancienne colonie italienne, Minniti est accusé d’avoir traité avec al-Dabbashi, chef d’une milice établie à Sabratha. Dans cette ville de la côte libyenne, Ahmed al-Dabbashi, surnommé « l’oncle », était jusqu’en juillet dernier le principal organisateur du trafic de réfugiés. Il aurait touché cinq millions d’euros de la part d’interlocuteurs italiens pour se transformer en artisan du blocage des bateaux au départ de cette ville.

Minniti balaie l’accusation de pactiser avec des bandes armées mafieuses en affirmant qu’elle est infondée et il tourne maintenant les yeux vers le sud de la Libye, avec l’ambition de créer une force permettant de contenir les réfugiés au Niger et au Soudan.

Les accords établis par Minniti ont fait diminuer de 20 % environ le nombre d’arrivées en Italie par rapport à 2016. Il y a gagné une popularité de ministre parvenant à enrayer l’afflux des migrants, tandis que les trafiquants s’enrichissent en empochant des millions pour stopper les migrants, tout en continuant à les dépouiller.

Quant aux migrants, ils font les frais de cette entente entre brigands. À leur calvaire s’ajoutent les camps de rétention libyens surpeuplés, où ils subissent des mauvais traitements supplémentaires et de nouvelles extorsions de la part de ces organisations criminelles.

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