Glyphosate : une expertise orientée20/09/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/09/2564.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Glyphosate : une expertise orientée

L’Union européenne doit décider, le mois prochain, de prolonger ou non l’autorisation à la vente du glyphosate. Pour cela, elle va chercher ses informations… dans les publications des industriels du secteur.

Le glyphosate est l’herbicide le plus vendu dans le monde. Il est commercialisé depuis les années 1970 sous le nom de Roundup par la firme Monsanto, et intervient aujourd’hui dans les pesticides de bien d’autres entreprises. Son usage s’est d’autant plus répandu que des semences qui lui sont résistantes ont été mises sur le marché – par les mêmes entreprises qui le vendent, à commencer par Monsanto. Son épandage permet ainsi de détruire les herbes non voulues sans dommage pour les pousses cultivées.

Cependant la dangerosité du glyphosate pour la santé humaine est suspectée depuis longtemps. Déjà en 1985, il était classé comme cancérigène possible par l’Organisation mondiale de la santé. Les experts des différentes agences rendent depuis des avis variés à ce sujet. Bien évidemment, les industriels contestent la dangerosité du produit. Des agriculteurs affirment quant à eux qu’ils pourraient difficilement se passer de l’herbicide et que son interdiction leur coûterait très cher.

L’Union européenne a chargé un groupe d’experts d’établir un rapport pour l’aider à décider de prolonger ou non l’autorisation de vente du produit. Cette expertise était déjà suspectée de partialité en faveur des industriels. Cela a été confirmé avec éclat par une révélation, faite le vendredi 15 septembre, par un biochimiste travaillant pour une ONG : des dizaines de pages du rapport ont tout simplement été copiées sur des publications des industriels du secteur. Il s’agit notamment de l’évaluation d’études scientifiques existantes. Sur cette base, le rapport classe comme non fiables la plupart de celles montrant des effets délétères du glyphosate et préconise donc de ne pas les prendre en compte.

Pour prendre une décision éclairée et rationnelle, la société aurait besoin d’informations claires et transparentes sur le produit et sur les conséquences de son interdiction éventuelle. Mais dans une société dominée par la loi du profit, autant demander du lait à un bouc.

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