Amiante : la justice protège les empoisonneurs20/09/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/09/p7_Amiante_1_Lupo_resultat.jpg.420x236_q85_box-0%2C231%2C600%2C569_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : la justice protège les empoisonneurs

Vendredi 15 septembre, la Cour d’appel de Paris a annulé la mise en examen, pour homicides et blessures involontaires, de neuf responsables publics impliqués dans les dossiers « amiante » du campus parisien de Jussieu et des anciens chantiers navals de Dunkerque.

Illustration - la justice protège les empoisonneurs

Issus du milieu industriel et scientifique ou hauts fonctionnaires des ministères du Travail, de la Santé et de l’Industrie, tous ont fait partie du Comité permanent amiante entre 1982 et 1995. Dans cette structure de lobbying créée et financée par des industriels, ils sont soupçonnés d’avoir retardé l’interdiction de l’amiante en préconisant son « usage contrôlé ».

Fibre cancérigène, l’amiante est officiellement interdit depuis janvier 1997 mais reste présent dans de nombreux bâtiments et équipements. La simple inhalation de ses fibres est à l’origine de cancers broncho-pulmonaires. L’Association nationale des victimes de l’amiante (Andeva) évoque 3 000 morts par an en France. Selon le Haut Conseil de la santé publique, « l’estimation des décès attendus entre 2009 et 2050 par cancers du poumon liés à l’exposition à l’amiante serait de l’ordre de 50 000 à 75 000, auxquels s’ajoutent de 18 000 à 25 000 mésothéliomes [cancers de la plèvre] ».

C’est la deuxième fois que la Cour d’appel de Paris protège ces neuf responsables publics, mis en examen début 2012. En juillet 2014, elle avait déjà annulé leur mise en examen, décision invalidée en avril 2015 par la Cour de cassation. Cette nouvelle annulation est un coup dur pour les victimes. D’après l’Andeva, elle est « une sorte d’amnistie anticipée accordée à tous ceux qui exposeraient des salariés ou des consommateurs à ce type de substance », notamment dans la quinzaine d’autres dossiers d’intoxication à l’amiante actuellement en attente.

En mettant ainsi des bâtons dans les roues aux victimes, l’État continue à se montrer complice des industriels empoisonneurs et assassins.

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