Dans les entreprises

PSA-Poissy : le serrage de boulons ne passe pas

Mercredi 6 septembre, la direction de l’usine PSA de Poissy, dans les Yvelines, a annoncé, lors de réunions organisées dans tous les secteurs, qu’elle sanctionnerait tous les ouvriers qui ne respecteraient pas scrupuleusement le règlement intérieur. Cela a suscité l’indignation partout, et même quelques réactions de travailleurs.

En effet, dans cette usine de production automobile où la chaîne rythme un travail très pénible, la direction voudrait que les ouvriers se contentent des 21 minutes légales de pause, divisées en deux, au cours d’une journée de production de sept heures effectives. Passer aux toilettes, faire la queue à la machine à café, et manger un sandwich en quinze, voire treize minutes chrono entre le départ et le retour au poste, relève plus de la course que de la pause. D’autant plus que ces pauses permettent aux ouvriers de manger un morceau, car les horaires de l’usine (5 h 30 pour l’équipe du matin) et l’éloignement (souvent plusieurs dizaines de kilomètres) rendent indispensable le casse-croûte pendant la journée. Jusqu’alors, il était possible en se faisant remplacer d’aller aux toilettes, de sortir fumer une cigarette ou d’aller prendre un café pour souffler un peu en dehors des pauses.

La direction menace donc de compter en « abandon de poste » tout salarié qui n’y serait pas revenu à la minute près à la fin des pauses. Elle oblige à avoir un bon de circulation signé par le chef pour tout déplacement dans l’usine, sous peine de sanction. Les ouvriers sont même priés de ne passer au comité d’entreprise qu’en dehors des heures de travail. Peu importe s’ils viennent et repartent en bus ! Des réunions sont organisées en début de poste et surtout en fin de poste, afin de surveiller les ouvriers hors production qui seraient tentés de partir un peu avant l’heure.

Ces annonces passent d’autant plus mal que durant le mois de septembre tous les samedis seront travaillés et obligatoires. Pour l’équipe de nuit, les dimanches sont devenus obligatoires (pour la partie entre minuit et 5 heures du matin, c’est-à-dire lundi matin). En parallèle, certaines journées sont chômées. Les ouvriers d’équipe du matin peuvent chômer le lundi, puis travailler le samedi dans la même semaine. Dans ce contexte où la direction sabre sans hésiter dans les week-ends, être minuté pour les pauses est ressenti comme une véritable provocation.

Face à cela, des réactions collectives ont eu lieu : dans un secteur, les ouvriers ont décidé d’aller fumer ensemble juste après la réunion, obligeant le chef à décréter un « arrêt programmé » de 5 minutes. En équipe de nuit, les ouvriers d’un secteur ont débrayé de la prise de poste jusqu’à la première pause, soit pendant deux heures.

Comme prévu, la direction poursuit donc sa politique visant à imposer un régime de travail de plus en plus dur, à aggraver l’exploitation. Elle veut sans doute dégoûter nombre de travailleurs de cette usine, en cherchant à instaurer un régime de caserne ou avec les tracasseries apparues ces derniers mois (l’éloignement du parking, la suppression continue de lignes de cars de ramassage) et la prolongation du plan de départs « volontaires » destiné à vider l’usine.

Les travailleurs n’ont pas dit leur dernier mot et ce qui était censé servir de bâton pourrait revenir en boomerang sur la direction. C’est bien le moins qu’elle mérite.

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