Leur société

BNP : le petit bonhomme vert en embuscade

Une filiale à 100 % de la BNP Paribas va être, après une longue instruction, envoyée en correctionnelle pour « pratique commerciale trompeuse ». La BNP Paribas Personal Finance (BNPPPF) vend du crédit à la consommation sous le nom, en France, de Cetelem.

Cette fois, le petit bonhomme vert avait réussi à placer, entre 2008 et début 2010, des crédits immobiliers souscrits en francs suisses mais remboursables en euros. Près de 5 000 clients souscripteurs de ce Helvet Immo ont été attirés par un taux proposé inférieur à la moyenne de l’époque, et piégés par les documents promettant une sécurité totale dont des taux de remboursement fixes. Las, ce qui n’était pas fixe, c’était la parité entre l’euro et le franc suisse lequel s’est envolé dans les années suivantes.

Les emprunteurs ont donc vu le capital restant à rembourser et les intérêts augmenter considérablement. Rapidement inquiets de cette situation, ils n’ont obtenu de la banque que des réponses dilatoires et une partie d’entre eux ont donc intenté une action collective contre BNPPPF pour leur avoir sciemment vendu des emprunts toxiques, en en dissimulant soigneusement les risques.

Au cours de l’instruction une ancienne cadre ayant collaboré au montage du « produit » financier a raconté comment la banque avait vendu son Helvet Immo en urgence, faisant fi de ses mises en garde, et en passant sous silence le principal risque, le taux de change. « Le but, dit-elle, était de ne pas écrire des choses qui pourraient inquiéter le client ou mettre en évidence des éléments négatifs. Sinon, on ne vendait pas. » Devant l’afflux d’appels, elle a même été chargée de trier les dossiers des clients en colère entre ceux qui pouvaient « devenir dangereux » et qu’il fallait arranger, et les autres.

Condamnée en avril 2016 au même motif pour un produit d’épargne, Garantie Jet 3, lancé avant la crise financière de 2008, la banque a dû verser une amende de 187 500 euros et indemniser les plaignants. Ce n’est qu’une broutille pour un groupe qui s’enorgueillit de 7,7 milliards de bénéfice pour 2016 et en a déjà annoncé 4,3 pour le premier semestre 2017.

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