Migrants en Méditerranée : les puissances européennes contre les ONG16/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2559.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants en Méditerranée : les puissances européennes contre les ONG

Le gouvernement italien mène campagne depuis des semaines contre les ONG, accusées de créer un appel d’air en aidant les migrants en Méditerranée. Il a tenté de faire signer un code de bonne conduite à ces dernières pour restreindre leurs mouvements. À ce jour, un seul bateau avait accepté de signer, en refusant toutefois la présence de policiers armés à son bord.

Aux pressions du gouvernement italien s’ajoutent aujourd’hui celles des deux factions qui se disputent le pouvoir en Libye. Ces bandes armées interviennent désormais contre les migrants et les ONG au nom des puissances européennes et avec leurs subventions. Par exemple, le 8 août, le bateau de l’organisation espagnole Proactive Open Arms avait été menacé par des gardes-côtes libyens. Ce navire s’était retrouvé face à une vedette d’hommes « formés et financés par l’UE », avait souligné dans un tweet l’organisation humanitaire. Ces militaires avaient tiré en l’air pour obliger le bateau à faire demi-tour. Comme le gouvernement italien, les militaires libyens prétendent que les ONG aident les passeurs. Tripoli vient d’ailleurs d’annoncer la création de sa propre zone de recherche et de sauvetage et a interdit aux ONG de patrouiller au large des côtes libyennes.

Les organisations humanitaires craignent que les autorités libyennes maltraitent les migrants. Elles disposent de témoignages sur le traitement que subissent les migrants en Libye. Depuis le début de la crise migratoire, 50 000 personnes seraient mortes noyées en Méditerranée. Sur la seule année 2016, SOS-Méditerranée estime que 5 000 personnes sont mortes. Les organisations secourent 25 % des migrants, les autres sont sauvés par les garde-côtes italiens et les bateaux de commerce. Alors, le retrait des bateaux des humanitaires va accroître le nombre des victimes.

Le gouvernement italien comme le gouvernement français en sont bien conscients. Macron souhaite que les autorités libyennes reprennent le rôle que jouait Kadhafi en son temps, ou Erdogan en Turquie, en bloquant les migrants sur place aux pires conditions. Qu’ils survivent, meurent, est le cadet des soucis de Macron. Il suffit qu’ils soient bloqués. Le commandant en chef de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar, qui dirige la partie est du pays, en profite pour essayer de monnayer son intervention et explique : « Le président français Emmanuel Macron m’a demandé ce dont on a besoin. Je suis en train de lui envoyer une liste. »

Les gouvernements français et italien seront responsables des morts à venir en Méditerranée. Car les migrants continueront à tenter par tous les moyens d’atteindre l’Europe. Les puissances européennes n’arrêteront pas le flux migratoire, ils le rendront seulement plus long, plus dangereux.

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