Des oppositions attisées, sinon créées, par le colonisateur16/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2559.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Il y a soixante-dix ans

Des oppositions attisées, sinon créées, par le colonisateur

Le sous-continent indien était une mosaïque ethnique, linguistique et religieuse d’une incroyable diversité, résultat de plus de trois millénaires de brassage des populations.

Au début du 19e siècle, ayant éliminé ses rivaux européens, la Grande-Bretagne entreprit de piller les richesses de l’Inde. Elle eut recours aux méthodes les plus brutales, s’appuyant sur les forces et les traditions les plus rétrogrades : par exemple en revitalisant et en institutionnalisant l’antique hiérarchie sociale des castes, qui était alors en voie de dissolution, ou en favorisant les multiples dynasties princières qui morcelaient l’Inde. Mais cela ne suffit pas à mettre la population au pas. Londres chercha donc à créer de toutes pièces une élite autochtone suffisamment servile pour assurer les fonctions administratives et répressives auxquelles le personnel colonial ne pouvait suffire. En 1885, les autorités britanniques encouragèrent même la formation d’un parti politique destiné à représenter cette élite : le parti du Congrès.

Mal leur en prit. Le Congrès devint rapidement le berceau d’un nationalisme indien inconnu jusqu’alors. La Grande-Bretagne répondit en encourageant la formation, en 1906, de la Ligue musulmane, puis en lui créant un espace politique sous la forme d’un collège électoral musulman. Mais cela n’empêcha pas le nationalisme indien de se radicaliser et de gagner du terrain dans une classe ouvrière en plein développement.

Pourtant, pendant encore deux décennies, ces grandes manœuvres politico-religieuses n’empêchèrent pas des centaines de millions d’Indiens de vivre ensemble, dans la même misère générale, dans les villes comme à la campagne, indépendamment de leurs religions différentes. Mais le virus du communautarisme était semé.

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