Chili : l’IVG, un droit à conquérir16/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2559.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chili : l’IVG, un droit à conquérir

Le 2 août, le Sénat chilien a fini par approuver une loi dépénalisant partiellement l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Depuis 1989 l’IVG était totalement interdite au Chili, même si la grossesse mettait la femme en danger de mort. Le peine encourue allait de trois à cinq ans de prison.

Désormais, les femmes auront le droit d’avorter, mais seulement en cas de viol, de non-viabilité du fœtus ou de danger de mort de la mère lié à sa grossesse. D’après un collectif féministe chilien, ces conditions font que la loi ne concerne que 3 % des avortements. Mais c’est encore trop pour la droite parlementaire, qui a déposé un recours auprès du Tribunal constitutionnel.

Cette loi était une promesse de campagne de la présidente socialiste, Michelle Bachelet, dont le mandat s’arrête en mars 2018. Approuvé par la Chambre des députés en mars 2016, le texte a néanmoins dû passer par plusieurs commissions et faire plusieurs allers-retours avec le Sénat. Des mois de débats houleux ont été souvent interrompus par les insultes proférées par des activistes religieux et des députés réactionnaires. Quant à l’Église catholique chilienne, fidèle soutien de la dictature de Pinochet en son temps, et en tout temps au service des forces réactionnaires, elle s’est opposée de toutes ses forces à cette loi, après s’être opposée aux lois autorisant le divorce (2004) la pilule du lendemain (2010) ou le mariage homosexuel (2015).

En Amérique latine, la liberté d’avorter sans condition n’existe qu’à Cuba depuis 1965, dans la ville de Mexico depuis 2007 et en Uruguay depuis 2012. Dans les autres pays, dont maintenant le Chili, les dirigeants ne dépénalisent l’IVG que partiellement. Quant à l’interdiction, elle reste totale au Salvador, au Nicaragua, au Surinam, en Haïti, et en République dominicaine. Une situation qui existe aussi dans une quinzaine de pays du reste du monde, dont les Philippines, le Sénégal, le Gabon, Madagascar, Malte, la Syrie, l’Irak. Sans compter que, dans de nombreux autres pays, la reconnaissance du droit d’interrompre une grossesse ne veut pas dire que toutes les femmes peuvent avoir recours à l’avortement libre et accessible financièrement, dans des conditions sanitaires et humaines satisfaisantes. Les droits des femmes restent à conquérir partout.

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