Dans les entreprises

Deliveroo : précarité en roue libre

Deliveroo, entreprise de livraisons à vélo, vient de mettre fin aux contrats qui comportaient encore un forfait minimum de 7,50 euros de l’heure. Désormais, tous les livreurs seront payés sur la seule base de cinq euros brut à la course, une perte de revenu estimée de 15 à 30 %.

Ceux qui bénéficiaient des anciens contrats ont reçu e-mail sur e-mail les sommant de passer au nouveau statut. Finalement, Deliveroo s’est purement et simplement débarrassé d’eux du jour au lendemain.

Pour cela pas besoin de les licencier, puisque juridiquement les coursiers sont des « micro-entrepreneurs ». Il a suffi à Deliveroo de les déconnecter de la plateforme Internet d’où leur sont envoyés leurs plannings et leurs courses pour qu’ils se retrouvent sans travail, tout cela sans la moindre justification à donner, ni la moindre indemnité à payer. Pour les coursiers, ce qui est arrivé est clair, ils ont « été virés ».

Avec un tarif de cinq euros la course, parvenir à gagner 1 500 euros brut implique bien souvent de travailler le soir ou la nuit. En été, le nombre de courses baisse, et le revenu passe forcément en dessous des 1 000 euros brut. De cela, il faut déduire les cotisations sociales car Deliveroo n’en paye aucune. Si elles sont plus basses quand on a 18 ou 20 ans, elles représentent le quart des revenus pour les plus de 24 ans. Au total, des livreurs ont calculé qu’ils gagnaient tous frais déduits de l’ordre de 8,50 euros de l’heure, à peine au-dessus du smic.

Être payé à la course amène évidemment les cyclistes à prendre des risques. Un jeune livreur de Deliveroo confie avoir déjà eu trois accidents en huit mois… dont le plus grave avec un autre livreur, travaillant lui pour Uber !

Pour ces quelque 10 000 livreurs dans le pays, la précarité est totale. L’entreprise peut disparaître du jour au lendemain en laissant sur le carreau tous les coursiers. Cela a été le cas pour les livreurs de Take eat easy, informés par mail qu’ils ne seraient même pas payés pour le mois.

Si la majorité des livreurs à vélo sont jeunes, vu les dizaines de kilomètres journaliers à parcourir, beaucoup ont besoin de ce travail pour se payer le permis de conduire, voire pour faire vivre leur famille. Les premières manifestations à Londres et à Paris cette année montrent qu’ils sont un certain nombre à ne pas vouloir se laisser faire.

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