1917 : l’entrée en guerre des États-Unis26/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2556.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

il y a cent ans

1917 : l’entrée en guerre des États-Unis

Macron a déclaré vouloir, avec la venue de Trump le 14 juillet, fêter l’anniversaire de l’entrée en guerre des États-Unis en 1917. Il aurait pu ajouter : fêter la roublardise du président Wilson, qui a précipité son peuple dans la guerre pour les intérêts de la grande bourgeoisie, alors qu’il s’était fait réélire quelques mois auparavant en promettant de faire la guerre aux trusts et de s’opposer à l’entrée en guerre.

Présenter l’entrée en guerre des États-Unis en 1917 comme le sursaut d’un pays mobilisé pour défendre la « liberté » est une mauvaise fable contraire à la réalité. L’opposition à la participation à cette guerre fut farouche. La grande majorité de la population américaine ne voulait pas aller sacrifier sa vie dans la boucherie qui ensanglantait l’Europe et une partie du monde, pour les calculs de quelques grands trusts. Wilson, d’ailleurs, pour se faire réélire, avait proclamé en 1916 que, grâce à lui, « l’Amérique [était] restée en dehors du conflit européen ».

Mais depuis des mois le même Wilson complotait pour provoquer l’entrée en guerre des USA. L’impérialisme américain, après avoir mis sous tutelle le reste de l’Amérique, centrale et du Sud, avait désormais des ambitions planétaires à hauteur de la puissance de ses trusts. Il ne voulait pas être absent des marchandages entre puissances qui auraient lieu à la fin de la guerre. Il voulait aussi hâter cette fin, alors que la guerre commençait à provoquer des mouvements révolutionnaires dans toute l’Europe.

La grande bourgeoisie américaine avait fait des affaires en or en vendant à tous les belligérants, sans le moindre ostracisme. Mais il lui fallait plus, et c’est pourquoi Wilson voulait cette déclaration de guerre. L’opposition la plus farouche à cette politique vint du camp de la classe ouvrière, menée par les deux leaders ouvriers et socialistes les plus célèbres du pays : Eugène Debs et Bill Haywood. Le premier était un ex-candidat socialiste à la présidence des États-Unis, le second un dirigeant du syndicat révolutionnaire, les IWW, et par ailleurs socialiste, les deux ayant mené des luttes ouvrières mémorables.

Contrairement à l’immense majorité des dirigeants socialistes et ouvriers européens, ces militants ne capitulèrent jamais. Eugène Debs déclarait : « Je ne vois pas de flibustier étranger qui pourrait plus dépouiller les travailleurs américains que ne le font actuellement les Rockefeller et leurs copains pirates. Les travailleurs n’ont pas de patrie à défendre. Elle appartient aux capitalistes et aux ploutocrates. » Debs et Haywood payèrent, sous l’impulsion du « grand démocrate » Wilson, le prix fort de leur attachement aux idées socialistes révolutionnaires par des condamnations à des années de prison chacun.

La population, elle, paya de 120 000 morts la défense des intérêts de sa bourgeoisie. Au sortir de la guerre, Wilson, après avoir reçu le prix Nobel de la paix, mena la guerre aux « rouges ». Il fit interdire le jeune Parti communiste et c’est sous sa présidence que fut menée, sous la direction du procureur général Palmer, une véritable chasse à tout ce qui était communiste, anarchiste, socialiste ou simplement contestataire.

Si les travailleurs peuvent être fiers de quelque chose c’est d’avoir eu, en leur temps, aux États-Unis, des représentants qui ont sauvé l’honneur de leur camp.

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