Enseignement supérieur : sélection et renforcement des inégalités19/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2555.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Enseignement supérieur : sélection et renforcement des inégalités

Le 14 juillet, à l’issue de la troisième phase de pré-inscription dans l’enseignement supérieur, près de 87 000 bacheliers ou étudiants en réorientation n’avaient obtenu aucune proposition de formation.

Actuellement, près de 10 000 bacheliers n’ont toujours aucune place en faculté pour la rentrée, alors que l’université est censée être ouverte à tous – contrairement à d’autres filières comme les classes préparatoires ou les BTS. Pour faire face à cet afflux, qui était pourtant prévisible, la solution du tirage au sort a été choisie pour 92 filières de licence. Les gouvernements qui se sont succédé ont laissé se dégrader l’enseignement supérieur, et chaque année le problème se pose avec plus de gravité.

Cette année, l’accroissement démographique fait que ce sont plus de 40 000 étudiants supplémentaires qui devraient intégrer l’enseignement supérieur à la rentrée prochaine. Ce sont donc des dizaines de milliers de places, plusieurs universités, qui manquent pour pouvoir répondre à leur arrivée massive.

Les amphis sont déjà bondés, et les établissements supérieurs refusent de plus en plus de monde.

La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a dénoncé ce système « absurde et injuste », mais pour envisager des solutions bien plus injustes encore. Elle pointe du doigt l’usine à gaz que représente le logiciel APB censé gérer les admissions post bac, mais annonce en même temps une coupe budgétaire de 331 millions d’euros dans le budget de l’enseignement supérieur en 2017.

Parmi les fausses solutions avancées par la ministre de Macron et défendues par le Premier ministre, il y a l’idée de mettre en place des pré-requis à l’entrée, ou une année zéro, sorte de remise à niveau notamment pour les jeunes n’ayant pas le bon profil pour une filière. Tous ces termes masquent peu ou prou une sélection que ni la ministre, ni le Premier ministre ne veulent assumer publiquement. En revanche, les présidents d’université, eux, n’ont pas cette pudeur et proclament clairement leur volonté de pouvoir sélectionner, trier leurs étudiants.

Le remède de Macron, c’est toujours moins de moyens pour l’enseignement, une sélection qui de fait visera à éliminer un maximum de jeunes des classes populaires et fera le profit des écoles supérieures privées payantes, qui se vantent déjà sur certains sites étudiants d’être hors du système APB. La démocratisation de l’enseignement dont parle Macron n’est qu’une hypocrisie. La réalité c’est une éducation à l’image de cette société : toujours plus inégale.

Partager