Ehpad Opalines : plus de 100 jours de grève19/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2555.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ehpad Opalines : plus de 100 jours de grève

Depuis le 3 avril, 14 aides-soignantes et agents de cuisine de la maison de retraite des Opalines, de Foucherans dans le Jura, sont en grève. Revendiquant quatre embauches, 100 euros d’augmentation de salaire et une revalorisation de leur prime de dimanche, elles dénoncent avant tout les conditions de soins des résidents de cet établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), rendues inhumaines par le manque de personnel et de matériel.

Alors que les résidents paient 2 500 euros par mois, 3 euros seulement par jour sont consacrés à la nourriture, au point que certains ont faim. Les gants manquent, contraignant les aides-soignantes à mettre des sacs poubelles aux mains pour se protéger des contaminations bactériennes lors des soins. Et surtout, le temps manque. Quinze minutes pour faire la toilette, lever, installer pour le petit déjeuner et aider à manger chaque résident, maximum. Trois minutes et quarante-et-une secondes pour changer et recoucher des personnes âgées le soir.

Voilà ce dont ces aides-soignantes ne voulaient plus. Le slogan de leur première banderole a été : « Le soin, c’est de l’humain, pas du chiffre. »

La direction leur a d’emblée fait savoir qu’elles n’auraient rien : ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais. Ce n’est pourtant pas l’argent qui manque. Les Opalines sont la propriété de deux familles de grands bourgeois locaux, 400e fortune de France en 2016.

Les grévistes ont donc fini par se tourner vers l’agence régionale de santé, l’ARS, et obtenu enfin un rendez-vous. L’ARS évalue les besoins en personnel et finance les salaires à 70 % pour cet Ehpad pourtant privé et à but lucratif, les 30 % restants étant apportés par le département. Les Opalines n’ont donc rien à débourser pour le personnel sur les 2 500 euros par mois que paie chaque résident.

Les grévistes ont fait quelques autres découvertes : l’ARS a versé aux Opalines de Foucherans chaque année depuis cinq ans une somme qui correspondait à 19 aides-soignantes alors que seules 14 ont été réellement embauchées. Le trop-perçu représenterait plus de 500 000 euros. Quant aux infirmières, c’est l’ARS qui les paie en totalité.

Il est apparu également que les Opalines ont accueilli illégalement deux résidents supplémentaires depuis cinq ans, sans y être habilités, et ont ouvert un accueil de jour sans autorisation, mais payant pour les usagers.

Mise au courant par les grévistes, l’ARS a demandé à la direction des Opalines de rembourser le trop-perçu aux salariés qui ont eu une charge de travail supplémentaire. Les patrons, Mennechet et Péculier, ont refusé sans que l’ARS ne cherche à les contraindre. Ils utilisent leur fortune pour investir dans les maisons de retraite comme d’autres investissent dans le pétrole. L’État se débarrasse ainsi du problème de l’hébergement des personnes âgées dépendantes auprès d’investisseurs privés tout en finançant leur personnel.

Ces découvertes ont encore renforcé la détermination des grévistes. Elles ont fini par obtenir de l’ARS la proposition d’embauche de deux aides-soignantes ainsi qu’une prime ponctuelle de 375 euros pour les grévistes. Mais cela serait entièrement financé par l’ARS et l’argent public.

Pour les grévistes, il n’est pas question que ces patrons, qui exploitent le désarroi des personnes âgées et de leurs familles, leur font les poches, encaissent des subventions, et les obligent à travailler dans des conditions dégradantes pour les résidents comme pour le personnel, s’en tirent si facilement.

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