Budget militaire : dommage collatéral à l’état-major19/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2555.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget militaire : dommage collatéral à l’état-major

Dire tout et son contraire crée parfois des tensions. Depuis l’annonce des 4,5 milliards de restrictions budgétaires par le ministre du Budget Darmanin, efforts auxquels devrait participer cette année l’armée à hauteur de 850 millions, le torchon brûle entre Macron et le chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers qui a démissioné le 19 juillet.

Pourtant, du point de vue des casernes, tout avait bien commencé : dès le lendemain de son élection, Macron qui, quand il ne se prend pas pour Jupiter, joue à l’empereur romain à la tête de ses légions, remontait les Champs-Élysées debout sur un command car. Quelques jours après, il se rendait au Mali pour afficher son soutien à l’opération militaire Barkhane, puis à Saint-Nazaire accompagner en mer des commandos de marine. Enfin, début juillet, il partait en plongée à bord d’un sous-marin nucléaire. Tout cela était agrémenté de discours et déclarations nationalistes ostentatoires.

Alors, déçu à l’annonce de la baisse programmée du budget de l’armée pour cette année, de Villiers, dans son langage fleuri de militaire, aurait déclaré : « Je ne me laisserai pas baiser comme ça ! » ; et de mettre sa démission dans la balance, comme il l’avait fait, avec succès, face à Hollande en son temps. Il a bénéficié du soutien immédiat et au garde-à-vous de nombreux députés, et surtout de l’appui discret mais total des industriels de l’armement aérien regroupés dans le Gifas (Groupe des industries françaises aéronautiques et spatiales), dont le président n’est autre que Éric Trappier, PDG de Dassault. Il s’en est suivi un rappel à l’ordre de Macron, déclarant : « Je suis votre chef (…) Ce que j’ai du mal à considérer des autres secteurs, je l’admets encore moins lorsqu’il s’agit des armées », et une réplique de de Villiers : « Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi ». Ce dernier est maintenant soutenu par plusieurs pétitions en ligne à l’initiative de sites d’extrême droite.

Sur le fond, Macron s’échine à montrer que tous deux défendent la même politique : maintenir la présence impérialiste française en Afrique et au Moyen-Orient, et subventionner à coup de milliards les Dassault, Thales, EADS ou Safran. En même temps qu’il voulait réaffirmer son autorité, Macron rappelait son engagement sur une hausse importante du budget des armées à 34,2 milliards dès 2018. Par ailleurs, il s’est engagé à arriver en 2025 à un budget militaire de 50 milliards, soit 2 % du PIB, objectif fixé à la fois par l’état-major français, l’Otan et surtout les industriels de l’armement. Quelle que soit l’issue du combat de coqs entre de Villiers et Macron, les capitalistes de l’armement seront gavés, les militaires auront des armes flambant neuves. Et tout cela se fera aux dépens des besoins utiles à la population.

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