18 juillet 1947 : le départ de l’Exodus19/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2555.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

il y a 70 ans

18 juillet 1947 : le départ de l’Exodus

Il y a 70 ans, le 18 juillet 1947, deux destroyers britanniques arraisonnaient le navire Exodus 47 dont les passagers étaient 4 500 réfugiés juifs des camps d’extermination, voulant quitter l’Europe pour la Palestine.

L’équipage et les passagers avaient résisté autant que possible, le navire, une fois entré dans les eaux palestiniennes, avait été attaqué par la flotte britannique. Éperonné, il menaçait de couler.

Les autorités britanniques, contrôlant la Palestine, décidèrent alors d’emprisonner les passagers et les renvoyèrent dans trois bateaux cages à Port-Bouc en France. À l’arrivée, les passagers refusèrent de débarquer et commencèrent une grève de la faim. Les autorités britanniques finirent par les parquer dans des camps à Hambourg, dans une zone de l’Allemagne contrôlée par la Grande-Bretagne.

Le cynisme des autorités, les conditions auxquelles furent soumis les rescapés des camps dont la détermination ne faiblit pas, soulevèrent l’indignation et imposèrent au bout de plusieurs mois leur droit de rejoindre la Palestine.

Après la victoire du fascisme, tout au long de la guerre et même après la capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945, ni les États-Unis ni aucun pays européen, ne furent prêts à accueillir les Juifs qui cherchaient à échapper à leurs bourreaux. Les États-Unis n’acceptèrent que 25 000 migrants juifs entre 1945 et 1948. Les survivants des camps libérés furent souvent contraints de rester sur place pendant des semaines, ne sachant où aller alors qu’ils ne pouvaient retourner vivre dans leur pays d’origine, y ayant tout perdu, et parfois toujours en butte à l’antisémitisme. En Pologne, des pogromes eurent lieu en 1946 contre les survivants des massacres nazis. Les Alliés regroupèrent les Juifs réfugiés et fuyant vers l’Ouest sous l’appellation de « personnes déplacées », dans des camps dont certains étaient d’anciens camps nazis.

Les militants de la cause sioniste – le retour en Palestine et la formation d’un État juif – trouvèrent de plus en plus d’écho parmi les quelques centaines de milliers de survivants des camps. Les dirigeants des pays impérialistes voulaient bien pleurer sur le sort de ces hommes, ces femmes et ces enfants mais en même temps ils les rejetaient. Les sionistes trouvèrent ainsi l’oreille de toute une population.

Les quotas d’immigrants pour la Palestine, établis par la Grande-Bretagne, étaient tellement faibles qu’une grande partie de cette immigration se fit illégalement dès les années 1930. En 1945, ils furent encore réduits. Une guerre sourde opposait les Britanniques à l’Agence juive. C’étaient des Juifs palestiniens faisant partie du Mossad qui organisaient l’immigration. Le Mossad rachetait des bateaux dont souvent personne ne voulait, les rénovait et les transformait pour qu’ils puissent accueillir un grand nombre de réfugiés bien au-delà des capacités autorisées. Parmi ceux-ci, l’Exodus avait été acheté aux États-Unis. Une fois les navires partis, il leur fallait déjouer la flotte britannique et débarquer les migrants en Palestine. Ces voyages étaient dangereux, faits dans des conditions extrêmement difficiles, avec des femmes et des enfants, mais leurs passagers étaient convaincus que de leur arrivée en Palestine dépendait leur survie mais aussi la possibilité de vivre libre et dignement.

Les tentatives désespérées d’atteindre les rives de Palestine, dont l’épisode de l’Exodus fait partie, soulevèrent à l’époque une grande émotion. Ces hommes devenus des réfugiés sans espoir du fait du total mépris des dirigeants furent l’enjeu de calculs politiques dont les sionistes se servirent pour créer un État juif. Les grandes puissances rivalisèrent pour se présenter comme leurs soutiens.

Après la partition de la Palestine et la création de l’État d’Israël en mai 1948 les rescapés des camps purent s’y installer mais dès ces premières heures, le conflit opposant la population juive et les populations arabes de la région commença. Depuis il dure toujours. La population juive qui cherchait un État protecteur s’est retrouvée à vivre les armes à la main et à opprimer un autre peuple.

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