Pollution industrielle : le recyclage façon Arcelor05/07/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/07/P12_Arcelor2_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C192%2C2048%2C1344_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pollution industrielle : le recyclage façon Arcelor

Un chauffeur de camion ayant travaillé de décembre 2016 à février 2017 pour un sous-traitant du nettoyage industriel d’ArcelorMittal a révélé que, pendant toute cette période, il a déversé directement des centaines de mètres cubes d’acide provenant de l’activité de l’usine de Florange sur le sol d’un dépotoir en pleine nature.

Illustration - le recyclage façon Arcelor

La vidéo qu’il produit est terrifiante : sortant d’un camion-citerne, un tuyau déverse un liquide verdâtre à même un sol de terre d’où émane un nuage de vapeurs. « Et voilà comment on recycle les déchets à Florange chez Arcelor, commente le chauffeur. On balance de l’acide en pleine nature. Pas loin des bois, pas loin des habitations. »

Lors d’interviews, le chauffeur a raconté comment, normalement, il devait transporter l’acide usagé jusqu’à un centre de recyclage situé à une heure et demie de route. Mais dans les faits, après lui avoir remis des bons de livraison indiquant qu’il transportait non pas de l’acide mais des boues de fer ou d’épuration, on lui disait de se rendre au dépotoir tout proche de l’usine. Là, il déversait son chargement directement sur le sol. « J’avais pour consigne de ne pas tout déverser au même endroit, pour ne pas défoncer la nature. (…) Les rochers éclataient à cause de l’acidité du produit. Le soir je rentrais avec les yeux rougis. »

Le chauffeur a fini par en parler à un pompier d’ArcelorMittal Florange. Conséquence, il est aujourd’hui au chômage ! La direction de son entreprise a eu connaissance de la discussion et l’a licencié pour « rupture de discrétion commerciale ». Quant à la direction d’ArcelorMittal, elle affirme n’avoir jamais commis aucun manquement et dénie même tout risque environnemental ou sanitaire.

Le fait est révoltant, mais il n’est pas vraiment étonnant et est même dans l’ordre des choses. La défense de l’environnement, de la santé, de la planète, c’est bon pour les déclarations de principe et les discours. La réalité, c’est la recherche du moindre coût de production et du maximum de rentabilité et de profits.

Pour produire tout en respectant l’environnement, il n’y a pas d’autre solution que de mettre un terme à l’organisation capitaliste de la production. Et une des étapes pour y parvenir serait de supprimer le secret des affaires, d’imposer que chaque salarié puisse dénoncer toutes les malversations dont il est témoin, sans crainte d’être licencié.

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