Loi Veil : un droit conquis par la lutte des femmes05/07/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/07/2553.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Veil : un droit conquis par la lutte des femmes

L’adoption de la loi dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) fut d’abord le résultat des luttes féministes du début des années 1970 et des mobilisations de nombreuses femmes et hommes qui eurent le courage de braver la législation réactionnaire.

La loi de 1920 condamnait à de lourdes peines de prison les femmes qui avortaient et ceux qui les y aidaient. Chaque année, plus de 300 000 femmes avortaient clandestinement, avec les risques que cela impliquait. Certaines mouraient à la suite de leur avortement, d’autres demeuraient stériles. Cette situation alarmait de nombreux médecins et de nombreuses femmes, dont certaines furent à l’origine du Mouvement pour un planning familial, pour développer la contraception. Après Mai 68, les mobilisations pour imposer la légalisation de l’avortement s’amplifièrent.

En 1971, 343 femmes connues, écrivaines, actrices, universitaires, signèrent un manifeste pour revendiquer le droit d’avorter librement, reconnaissant elles-mêmes avoir eu recours à un avortement et s’exposant ainsi à des poursuites pénales. En 1972, le procès de Bobigny eut un énorme retentissement, lorsqu’une jeune fille fut jugée pour avoir avorté alors qu’elle avait été violée. Devant la mobilisation pour défendre cette jeune fille et sa mère, accusée de complicité, les juges n’osèrent pas la condamner. Après ce procès, les magistrats reçurent l’instruction de ne plus poursuivre les femmes pour avortement.

L’association Choisir la cause des femmes et le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) virent le jour dans cette période et menèrent le combat, organisant des manifestations et des voyages vers Londres ou Amsterdam pour les femmes voulant avorter.

En 1974, nouvellement élu président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, qui voulait se donner une image de réformateur moderne, confia à Simone Veil, ministre de la Santé, la tâche de défendre une loi légalisant l’IVG devant l’Assemblée nationale. En acceptant, elle permit que s’ouvre une brêche décisive dans l’arsenal moyenâgeux qui opprimait les femmes. Mais la première version de la loi était bien modérée, ne supprimant pas la notion de délit. Les femmes ne pouvaient recourir à l’avortement qu’avant la dixième semaine de grossesse. Les médecins pouvaient refuser de le pratiquer et tous les frais étaient à la charge de la patiente. L’avortement clandestin perdura donc encore des années.

Il a fallu attendre 1983 pour que l’IVG soit prise en charge partiellement par l’assurance-maladie et 1993 pour qu’un délit d’entrave à l’IVG voie le jour. Jusqu’alors, ceux qui empêchaient les femmes de se faire avorter n’étaient pas inquiétés.

Aujourd’hui, le droit des femmes à avorter est menacé par les restrictions budgétaires en matière de santé. De nombreux centres d’IVG ont fermé ces dernières années. La conséquence est que les listes d’attente s’allongent et que de nombreuses femmes dépassent le délai légal de 12 semaines. Des femmes sont obligées d’aller avorter à l’étranger, 40 ans après la loi Veil. Il faut encore se battre pour faire respecter ce droit.

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